Conférence de Cynthia Fleury

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La soirée a été introduite par la Maire de la Ville de Genève, Christina Kitsos, qui a souligné la multiplicité des crises qui touchent la planète: pandémie, instabilité géopolitique, crise climatique, révolution numérique avec l’apparition de l’intelligence artificielle et crise du lien.

 «Ce qui est important, c’est de réfléchir à ce qu’entraînent ces crises. Repli sur soi, angoisse, colère, ressentiment? Et comment fait-on pour éviter le délitement social et construire des solidarités de proximité?» s’est interrogé la Maire.

«Une éthique de la reconnaissance»

Cynthia Fleury a partagé ses réflexions sur la notion de dignité, au cœur de son dernier livre, «La clinique de la dignité», publié aux éditions du Seuil. Elle constate qu’aujourd’hui, chacun-e se sent mieux représenté-e par cette notion, qui prend le pas sur d’autres grands principes, comme la liberté, l’égalité et la fraternité. A l’appui de sa thèse, elle cite plusieurs mouvements sociaux qui revendiquent la dignité, comme Black Lives Matter, le «droit de mourir dans la dignité», ou encore «la révolution de la dignité» de Maïdan en Ukraine. «Dans la dignité, il y a une éthique de la reconnaissance», avance Cynthia Fleury.

Selon la philosophe, cette revendication de dignité est liée à un devenir indigne de la société. Les outils de la modernité, comme la division extrême du travail, l’hyperspécialisation, l’automatisation, l’hyper-rationalisation, la financiarisation, sont déshumanisants et contribuent à fabriquer des situations d’indignité. C’est en particulier le cas pour les personnes qui travaillent dans les soins et subissent des formes de maltraitance institutionnelle.

Restaurer la confiance

Comment remédier à cette situation et prendre en compte un ressentiment palpable dans de larges couches de la population? La question du bon gouvernement n’est pas, selon la philosophe, la plus pertinente pour appréhender la fabrique de l’indignité. Pour restaurer la confiance, Cynthia Fleury préconise de refonder la politique par le soin, l’éducation et la culture. Elle cite les politiques de proximité - des leviers essentiels de cohésion sociale - qui peuvent être menées à l’échelle des villes.

Cette soirée a constitué une occasion d’entendre cette intellectuelle respectée dans un monde qui vit une période de crises majeures et de bascule grave. 

Après Christiane Taubira et Boris Cyrulnik, la Maire, Christina Kitsos est heureuse d’avoir partagé la pensée inspirante de Cynthia Fleury, une femme engagée, à l’occasion de ce troisième événement de la série de conférences «Ville en transitions», organisée par le Département de la cohésion sociale et de la solidarité. 

Une conférence à visionner sur Youtube