La campagne de sensibilisation 2025 contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie de la Ville de Genève, intitulée "Ensemble contre les cyberviolences envers les personnes LGBTIQ+!" invite la population à explorer les liens entre le numérique et les enjeux LGBTIQ+, à interroger l’accessibilité des espaces numériques et imaginer les stratégies individuelles et collectives à opposer aux cyberviolences.
En marge de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie du 17 mai, la Ville de Genève propose chaque année une campagne combinant un affichage public et un programme d’évènements et de rencontres afin de sensibiliser la population aux discriminations en lien avec l’orientation sexuelle et affective, l’identité et l’expression de genre et les caractéristiques sexuées.
L’édition 2025 s'interroge sur les enjeux du numérique dans une perspective queer et ouvre un dialogue plus que jamais nécessaire dans un contexte de dérégulation des espaces en ligne et de forte croissance des discours de haine à l’encontre des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, intersexes et queers (LGBTIQ+), au point que de plus en plus d’entre elles quittent les plateformes et effacent leurs données.
Pour Alfonso Gomez, conseiller administratif en charge de l’égalité et de la diversité, "les cyberviolences ont des conséquences bien réelles sur la santé et la sécurité des personnes LGBTIQ+, mais aussi sur l’ensemble de la population. Car au-delà des terribles répercussions pour les groupes qui en sont la cible, les cyberviolences fragilisent l’ensemble du tissu social et réduisent la diversité des voix qui s’expriment en ligne, affaiblissant ainsi la démocratie et le débat public."
Comment lutter contre les cyberviolences? Quelles opportunités le numérique offre-t-il aux personnes LGBTIQ+, notamment en termes de sociabilisation, d’information et de mobilisation? En quoi l’intelligence artificielle (IA) et ses algorithmes posent des problèmes de reproduction des stéréotypes, de discriminations et de censure? Comment faire du numérique un outil de lutte contre les LGBTIQphobies? Comment faire d’internet un espace véritablement accessible à touxtes?
Un affichage mettant l’IA au service de l’inclusion
Reprenant l’esthétique du jeu vidéo, l’affichage public invite chaque personne à se positionner et à choisir son comportement en ligne, entre haine et empathie, rejet et inclusion, indifférence et soutien. Les visuels ont été générés à l’aide de l’IA, dans une démarche critique et créative, s'inscrivant dans une volonté de réappropriation de la technologie: l’IA est ici utilisée comme un outil de création artistique au service de la lutte contre les discriminations.
Toutefois, l’expérience de création a mis en lumière les limites structurelles de ces technologies: l’IA reproduit des normes implicites en générant systématiquement des personnages stéréotypés en termes de genre, blancs, jeunes, minces et valides. Représenter une pluralité des corps et des genres demande une vigilance constante et un travail de formulation très précis pour contrer les biais de l’outil. Loin d’un usage passif de cette technologie, cette campagne pose un acte politique de réappropriation des technologies pour interroger les normes, les remettre en cause et réaffirmer les valeurs d’égalité et de diversité cohérentes avec la Stratégie municipale LGBTIQ+.
Une programmation transversale et inclusive
La programmation, réalisée en partenariat avec de nombreuses associations et institutions locales, propose, en plus des traditionnelles commémorations du 17 mai, des discussions, des tables rondes et des ateliers qui valorisent les pratiques d’entraide et les savoirs développés par les communautés LGBTIQ+ pour se protéger, se soutenir et revendiquer leur existence dans l’espace digital.
Parmi les moments forts, Olga Baranova, Yuri Guaiana et Estelle Pannatier, respectivement des organisations CH++, All Out et AlgorithmWatch CH, viendront parler des enjeux éthiques et politiques de l’IA dans une perspective queer. Une table ronde explorera les enjeux d’inclusion numériques et de sécurité dans les environnements hostiles à l’international. Marianne Chbat, sociologue, autrice et mère lesbienne, participera à une table ronde sur la place du numérique à travers les âges des familles queers. Mickael Dell’ova, concepteur de jeux vidéo, consultant en accessibilité, diversité et inclusion interviendra lors d’une rencontre avec Jennifer Lufau, du collectif Afrogameuses, en collaboration avec le 3ème lieu. Une table ronde dédiée aux applications de rencontre gay permettra d’explorer les usages de ces outils et les discriminations au sein des relations entre personnes gays. Enfin, la soirée de clôture avec Lexie Agresti et Morgan Lucas posera la question de l’activisme queer en ligne: S’invisibiliser pour se protéger ou rester visible et résister – et à quel prix?
Programme complet sur 17mai-geneve.ch
🗓️ 5 au 17 mai
📍 Différents lieux en ville de Genève
Des rencontres, des ateliers, des tables rondes pour explorer les enjeux du numérique dans une perspective queer.
Article modifié le 02.05.2025 à 15:16