"Humanæ": une expo pour détoxifier les cosmétiques et les standards de beauté

Découvrez la beauté plurielle de l’humanité en flânant sur le quai Gustave-Ador avec "Humanæ", l’exposition de la photographe Angélica Dass. Un projet engagé, qui questionne les étiquettes raciales et les normes toxiques de beauté. A voir du 27 octobre au 16 novembre 2025.

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Exposition Humanae

"Humanæ" est un projet photographique de la photographe brésilienne-espagnole Angélica Dass.

L’artiste, en choisissant pour l’arrière-plan de ses photos une teinte de la palette industrielle Pantone® assortie à la couleur de peau de ses modèles, montre que les vraies couleurs de l’humanité sortent des cadres utilisés habituellement pour décrire les êtres humains tels que «noir», «blanc», «rouge» ou «jaune».  Ses portraits nous invitent à une réflexion collective sur les couleurs de peau.

En constante évolution, le projet compte aujourd’hui plus de 4’500 clichés de modèles spontanés pris dans une vingtaine de pays et continue de s’agrandir.

L’exposition de ces photos sur le quai Gustave-Ador célèbre la splendeur de la diversité humaine, tout en dénonçant les normes de beauté toxiques qui conduisent encore certaines personnes à effacer leur propre couleur de peau, au péril de leur santé.

L’éclaircissement de la peau, une pratique doublement toxique

Chaque année, des millions de personnes utilisent des cosmétiques pour éclaircir leur peau. Si cette pratique a parfois une origine culturelle, elle est surtout ancrée dans des standards de beauté hérités de l’époque coloniale attribuant aux peaux claires un statut social et esthétique plus élevé.

En plus de faire perdurer des standards discriminants renforçant le colorisme et le racisme, les cosmétiques éclaircissants représentent un danger pour la santé: ils contiennent souvent du mercure et d’autres substances toxiques dont les utilisatrices et utilisateurs ignorent la présence. Le mercure est un ingrédient prisé, car il bloque la production de mélanine, le pigment donnant de la couleur à la peau. Sans compter son effet éclaircissant, le mercure peut gravement endommager la peau, ainsi que s’attaquer au foie, aux reins et au système nerveux. Les femmes enceintes et jeunes enfants y sont particulièrement vulnérables.

Genève et la lutte contre les effets néfastes du mercure 

La Convention de Minamata, dont le secrétariat est basé à Genève, œuvre depuis 2017 pour protéger la santé humaine et l’environnement contre les effets néfastes du mercure. Elle interdit l’usage de cette substance dans certains produits comme les thermomètres, fixe des obligations de contrôle des émissions industrielles de mercure, et permet la fermeture de mines de mercure tout autour du globe.  

En avril 2025, la Convention a franchi une nouvelle étape en interdisant l’utilisation du mercure dans les crèmes et lotions pour la peau. Malgré cette avancée, de nombreux produits éclaircissants contenant cette substance continuent d’être vendus à travers le monde, souvent en ligne, auprès d’un public mal informé sur leur toxicité.

Les pays signataires de cette Convention se réunissent à Genève du 3 au 7 novembre 2025, lors de la 6e Conférence des parties de la Convention de Minamata (COP-6), afin de discuter de la façon d’aller plus loin dans la mise en œuvre des obligations contenues dans ce document juridique. C’est à cette occasion qu’a lieu l’exposition "Humanæ", événement de la campagne détoxifier les cosmétiques et les idéaux de beauté, qui vise à sensibiliser la population à ces enjeux de santé publique.

Informations pratiques

Où? Quai Gustave-Ador
Quand? du 27 octobre au 16 novembre 2025
Comment? Gratuit

Pour aller plus loin

La campagne organise également une projection du film Timpi Tampa, le jeudi 6 novembre à 18h15 à la Maison de la Paix. Le film est une pièce satirique qui aborde la question de la dépigmentation de la peau et des normes de beauté toxiques dans les sociétés africaines. Pour s’inscrire à la projection

Article modifié le 04.11.2025 à 08:24