La réponse a été mise à jour le 17 November 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Pour commencer, voici diverses définitions du tressage et de tresser, étant donné que cette technique s’applique à plusieurs domaines. Le Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL) définit ainsi le verbe « tresser » :
« Entrecroiser des mèches de cheveux, des crins d'animaux pour en faire une tresse, une natte. [...]
Assembler, entrecroiser des matériaux pour en faire une natte, une tresse, un objet. [...]
Fabriquer un objet à l'aide de brins, de fils, de fibres entrelacées. »
Selon un article du journal Le Monde – Neandertal, premier à corder – paru le 10 avril 2020, les systèmes de cordage remonteraient à très longtemps :
« Une équipe internationale annonce la découverte, sur le site ardéchois de l’abri du Maras, d’un minuscule fragment de cordelette, mis au jour dans une strate vieille de 41 000 à 52 000 ans. Selon les auteurs, c’est le plus ancien exemple jamais retrouvé de cordage et il est l’œuvre de Néandertaliens, les seuls humains qui aient jamais occupé cet abri sous roche sis à la sortie des gorges de l’Ardèche. »
Lors de nos recherches, il est apparu que le tressage surgit dans diverses régions du monde et cultures et ceci à diverses périodes historiques, mais également dans divers domaines tels que la coiffure, le textile, la vannerie, le cordage ou encore les mathématiques.
Cela est le cas, par exemple dans le contexte des « quipus » chez les Incas. L’article du National Geographic – Les quipus, le code secret des Incas – nous apprend que :
« Pour recueillir et transmettre des informations, l’immense empire préhispanique utilisait non pas l’écriture, mais un ingénieux système de cordelettes à nœuds. »
L’article mentionne le tressage qui faisait partie des nœuds utilisés : « On sait désormais que la façon de tresser les fils, leur couleur, la distance entre les cordelettes suspendues et la corde principale, l’emplacement des nœuds, leur forme, leur direction et leur nombre correspondaient aux variables des données enregistrées. »
L’ouvrage de Hinanui Cauchois – Tressage : objets, matières et gestes d'hier et d'aujourd'hui : arts et artisanats de Polynésie française – nous livre des informations sur la provenance de cette technique en Polynésie :
« L’art du tressage polynésien vient des peuples originaires de l’Asie du Sud-est qui transportèrent avec eux leurs savoir-faire dans de nombreux domaines. »
Cet ouvrage nous apprend aussi que les techniques de tressages ont de nombreuses utilités : « Présent dans l’ensemble des cultures du Pacifique, le tressage est un domaine peu connu en Polynésie française malgré son importance culturelle et socio-économique. Pourtant, il marque son rôle fondamental dès les premières migrations lors du peuplement initial de la région ; il est présent, toujours en filigrane, à travers les voiles en pandanus tressé et les ligatures en nape, elles-mêmes partie intégrante des pirogues doubles poussées par le souffle de Ta’aroa sur l’océan déchaîné que n’a de pacifique que le nom.
Il est présent, entrelacé dans les paniers en nî’au et en pandanus transportant les ressources vivrières qui permettent de subsister pendant les longs voyages […]. »
En Suisse, il existe une pratique nommée « tressage de paille ». Le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), dans l'article consacré à cette pratique nous apprend qu'« A l'époque moderne, le tressage de la paille était pratiqué dans quelques régions rurales de Suisse, les Freie Ämter, la Singine, le val Onsernone, le Valais et l'Unterland zurichois (surtout dans le Rafzerfeld). Il revêtit une importance économique particulière dans les Freie Ämter, au sud-est de l'actuel canton d'Argovie. Il tire son origine de familles de journaliers (Tauner) qui fabriquaient des chapeaux de paille pour leur usage ou pour répondre à des demandes locales. »
Si vous lisez l’anglais, l'ouvrage History and science of knots pourrait vous intéresser. Voici ce qu'indique l'introduction traduite de l'anglais :
Les quatre chapitres de la première partie traitent des preuves de l'utilisation des nœuds par l'homme et d'autres animaux, depuis la préhistoire jusqu'aux anciennes périodes des civilisations européennes et égyptiennes.
Le premier chapitre tente d'établir une chronologie de l'avènement de la technologie des cordes et des nœuds sur une vaste période allant du Paléolithique inférieur (il y a deux millions et demi d'années) au Néolithique et au-delà, lorsque l'Homo sapiens moderne est apparu il y a environ cinq ou six mille ans. La plupart des preuves sont circonstancielles, tirées d'une connaissance limitée de l'art, des habitations, des perles et des vêtements, des outils et des armes, ainsi que des voyages en mer effectués par les différents peuples qui ont laissé leurs traces au cours de cette longue et lointaine période. [...]
Les troisième et quatrième chapitres sont rédigés par des archéologues qui ont examiné les preuves, directes ou indirectes, de nœuds et de cordes trouvées sur de nombreux sites de fouilles. Le chapitre 3 traite des preuves de nœuds trouvées sur des sites au Danemark et en Suisse (habitations lacustres néolithiques suisses) ; et de l'équipement de nœuds trouvé avec l'homme des glaces, qui a été découvert en 1991, dans un glacier juste au sud de la frontière entre l'Italie et l'Autriche. Le chapitre 4 contient des diagrammes de nœuds, tresses, vanneries et cordes trouvés par l'auteur au cours de dix expéditions sur quatre sites archéologiques différents en Égypte. Le premier site date de 1350 avant J.-C., à l'époque du pharaon Amenhotep IV.
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève
Pour www.interroge.ch