La réponse a été mise à jour le 24 March 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Pour comprendre l’importance du lien entre la France et l’Allemagne dans la construction européenne, il faut remonter à 1950 et à la Déclaration Schuman du 9 mai 1950. Voici ce que nous pouvons lire à son sujet sur la page Déclaration Schuman – mai 1950 du site de l’Union européenne (UE) :
« Cette déclaration a été prononcée par Robert Schuman, ministre des affaires étrangères français, le 9 mai 1950. Il y propose la création d'une Communauté européenne du charbon et de l'acier, dont les pays membres mettraient en commun leur production de charbon et d'acier. »
Au paragraphe sur le Contexte historique on apprend ceci :
« En 1950, les pays européens peinent encore à effacer les ravages de la Deuxième Guerre mondiale, qui a pris fin cinq ans plus tôt.
Résolus à empêcher un autre conflit aussi dévastateur, les gouvernements font le pari qu'avec la mise en commun des productions de charbon et d'acier, toute guerre entre la France et l'Allemagne, historiquement rivales, deviendra — pour citer Robert Schuman — "non seulement impensable, mais matériellement impossible".
La réunion des intérêts économiques contribuera à relever les niveaux de vie et sera un premier pas vers une Europe plus unie, pense-t-on alors — avec raison. La CECA [Communauté européenne du charbon et de l’acier] est ensuite ouverte à d'autres pays membres. »
Dans le Texte intégral de Robert Schuman on trouve plusieurs fois des références à la relation entre la France et l’Allemagne :
« L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée. L'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne.
Dans ce but, le gouvernement français propose immédiatement l'action sur un point limité mais décisif.
Le gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe. […]
La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l'Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. »
Comme nous pouvons le lire sur cette même page, « La CECA (membres fondateurs: France, Allemagne de l'Ouest, Italie, Pays-Bas, Belgique et Luxembourg) est la première des institutions supranationales européennes qui donneront naissance à ce qu'on appelle aujourd'hui "l'Union européenne". »
Cette institution a donc été créée sous l’impulsion de la France afin d’associer l’Allemagne dans un projet commun, celui de la production de charbon et d’acier, dans le but de lier ces deux pays pour empêcher toute nouvelle guerre entre eux.
La relation franco-allemande sera renforcée en 1963, par la signature du Traité de l’Elysée. Et c’est surtout à partir de ce moment là que ces deux pays parleront d’une voix commune au sujet de l’UE. Voici ce que nous pouvons lire dans l’article Qu'est-ce que le traité de l'Elysée ? publié le 2 octobre 2019 sur le site Toute l’Europe, site de référence sur les questions européennes :
« Le 22 janvier 1963, le général de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer signent le traité de l'Elysée. Après le conflit meurtrier de la Seconde Guerre mondiale, cet événement marque la réconciliation entre les deux pays et consolide le rôle moteur du couple franco-allemand dans la construction européenne. »
Au paragraphe Que contient le traité de l'Elysée ? nous pouvons lire que « Cet accord organise les relations interétatiques afin d'approfondir la coopération entre la France et l'Allemagne. C'est en particulier la défense, les affaires étrangères, l'éducation et la jeunesse qui sont visées.
D'un point de vue institutionnel, le traité dispose que les deux chefs de l'Etat et de gouvernement se rencontrent au moins deux fois par an. Les ministres des Affaires étrangères doivent se réunir au moins trois fois par an, tandis que leurs hauts fonctionnaires doivent organiser des réunions mensuelles, alternativement à Bonn et à Paris. Des rencontres doivent avoir lieu en matière de défense, d'éducation et de jeunesse, avec notamment la présence des ministres compétents. Enfin, une commission interministérielle est créée dans chaque pays afin de suivre les différentes coopérations.
Les deux Etats doivent se consulter sur les questions de politique étrangère, dans le but de parvenir à des positions communes. […] »
Ce traité sera complété et renforcé par la signature, le 22 janvier 2019, du Traité d'Aix-la-Chapelle. Comme l’indique l’article Qu’est-ce que le traité d’Aix-la-Chapelle ? sur le site Toute l’Europe : « Les deux premiers articles du traité insistent sur la coopération et la concertation des deux Etats dans les Affaires européennes, notamment en matière de politique étrangère et de sécurité commune et d'Union économique et monétaire. »
Pour conclure, nous pouvons citer l’article Europe: le couple franco-allemand, toujours nécessaire, de moins en moins suffisant, paru le 23 janvier 2019 dans le journal L’Opinion, et qui ajoute ceci au sujet de ce couple et de son statut actuel au sein de l'UE :
« "Sans accord franco-allemand, rien n’avance en Europe", rappelle-t-on souvent à Bruxelles. La France privilégiant traditionnellement l’arrangement politique là où l’Allemagne place les règles au premier rang, leurs compromis reflètent souvent le meilleur point d’équilibre entre les Vingt-Huit. Ce fut le cas sur le projet de budget de la zone euro ou du lancement d’une coopération structurée en matière de défense.
Mais cette posture a ses limites. A force de ne jamais vouloir franchir les lignes rouges de l’autre, chacun se condamne à une trop grande prudence. […] "Si l’on réfléchit rationnellement aux avancées de la construction européenne, il n’y a pas beaucoup d’autres choix qu’une bonne relation entre Paris et Berlin ; mais les conditions de la relation sont devenues assez difficiles", reconnaît Christian Lequesne, professeur de science politique à Sciences Po. […]
De moins en moins suffisant, le couple franco-allemand l’est depuis longtemps. "Dans une Europe à douze, une fois que les Français et les Allemands se mettaient d’accord, les autres suivaient à peu près automatiquement : c’est ce qu’ont fait pendant des années les pays du Benelux ainsi que l’Espagne et le Portugal. Avec les derniers élargissements, aux pays scandinaves en 1995 et surtout aux pays d’Europe centrale en 2004 et 2007, la relation franco-allemande ne suffit plus, il faut composer avec les autres", rappelle Christian Lequesne. Une alternative serait de mettre en place un noyau dur, avec sept ou huit pays moteurs qui seraient prêts à avancer plus vite sur tous les grands dossiers, de l’euro à la défense. Le risque étant alors de créer frustrations et rancœurs chez ceux qui se retrouveraient en seconde classe et de diviser un peu plus l’UE. »
Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article 9 mai 1950 - La Communauté européenne du charbon et de l'acier sur le site Hérodote.net.
Dans les bibliothèques genevoises nous trouvons de nombreux ouvrages sur le sujet. En voici une sélection :
Lexique du couple franco-allemand : la construction européenne a-t-elle encore un moteur ? d’Hélène Engels Perrein
Que reste-t-il du couple franco-allemand ? de Cécile Calla et Claire Demesmay
Le couple franco-allemand en Europe paru sous la direction de Henri Ménudier
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
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