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La réponse a été mise à jour le 24 May 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Dans la traduction d'Etienne Clavier de la Bibliothèque d'Apollodore l'Athénien, la phrase « Ζεὺς μεταμορφωθεὶς εἰς χρυσὸν καὶ διὰ τῆς ὀροφῆς εἰς τοὺς Δανάης εἰσρυεὶς κόλπους συνῆλθεν », située dans le quatrième chapitre du livre second (disponible en ligne sur le site de Philippe Remacle) est traduite par « Jupiter, s’étant changé en pluie d’or, pénétra en son sein à travers le toit de la prison, et jouit d'elle. »
Dans la traduction de Jean-Claude Carrière et Bertrand Massonie, parue en 1991 dans la Collection de l'Institut des sciences et techniques de l'Antiquité, elle est traduite par « Zeus se changea en or fluide, se coula à travers le toit dans le sein de Danaè et s'unit à elle. »
Une traduction littérale effectuée au moyen du service de traduction automatique DeepL donne pourtant ce qui suit : « Zeus a été transformé en or et, par le toit, il s'est uni au sein de Danaé. »
On peut trouver plusieurs explications à ces traductions qui font entrer la notion de liquidité dans la transformation de Zeus (ou de son équivalent romain Jupiter), lesquelles sont par ailleurs liées.
Pour commencer, intéressons-nous aux nombreuses représentations qui ont été réalisées au fil des siècles de cet épisode mythologique. Le blog personnel Une vie de setter lui consacre en date du 13 janvier 2016 le billet Danaé, ou la pluie d'or, une peinture d'histoire, qui permet de voir un cratère en cloche de Béotie du Ve siècle avant J.-C. conservé au Musée du Louvre mettant en scène Danaé recueillant Zeus métamorphosé en or, ainsi que de nombreuses représentations picturales postérieures où la divinité olympienne ressemble soit à de la pluie, soit à des pièces d’or.
La page du site de la revue Engramma - A terracotta mould from Aquincum depicting the story of Danaë - donne à voir un moule en terre cuite illustrant l’histoire de Danaé et fait mention des Fabulae de Caius Julius Hyginus ou Hygin (67 av.-17 ap. J.-C.) qui déjà utilise l’image de la pluie pour décrire la transformation de Zeus :
« The story appears in a similar way in the mythological handbook of Hyginus :
[…] Iouis autem in imbrem aureum conuersus cum Danaë concubuit, ex quo compressu natus est Perseus.
[…] But Jove, changing into a shower of gold, lay with Danaë, and from this embrace Perseus was born (Hyg. Fab. 63.1.1 trans. M. Grant). »
Il est difficile de savoir ce qui est advenu en premier, la représentation ou la traduction imagée, mais n’oublions pas qu’il arrive aux traducteurs de prendre certaines libertés poétiques comme l’évoque Michele Mastroianni dans l’article Jean-Antoine de Baïf, "Antigone", publié en 2018 dans la revue Studi Francesi, où l’on peut lire au sujet des problématiques rencontrées par ces derniers :
« Éléments fondamentaux au sein de la pratique de translatio au XVIe siècle, tels que : 1) le respect du modèle ancien par une traduction littérale de l’œuvre source ; 2) le respect du modèle antique, mais aussi la liberté poétique visant à l’originalité de la réécriture moderne, voire de la version en vernaculaire, donc, dans ce cas, du texte tragique, en version française, […] »
Signalons également l’existence en traduction de la théorie interprétative, telle que présentée au sein de l’article La Théorie interprétative ou Théorie du sens : point de vue d’une praticienne de Florence Herbulot, publié dans le journal des traducteurs Meta en 2004, qui contient les informations suivantes :
« La Théorie interprétative, ou Théorie du sens, que l’on appelle aussi parfois Théorie de l’École de Paris, repose sur un principe essentiel : la traduction n’est pas un travail sur la langue, sur les mots, c’est un travail sur le message, sur le sens.
Qu’il s’agisse de traduction orale ou écrite, littéraire ou technique, l’opération traduisante comporte toujours deux volets : COMPRENDRE et DIRE.
Il s’agit de déverbaliser, après avoir compris, puis de reformuler ou ré-exprimer, et le grand mérite de Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer, qui ont établi et défendu ardemment cette théorie, est d’avoir démontré à quel point ce processus est, non seulement important, mais également naturel. »
Enfin, nous attirons votre attention sur deux documents qui pourraient également vous intéresser :
Dans l’article daté du 7 août 2014 Les petites amoureuses du roi des dieux : L'amant déguisé en pluie, complément au podcast Nous serons comme des Dieux de France Culture, on peut lire ce qui suit sur le mythe de Danaé :
« Danaé était la fille unique d'Acrisios, qui consulta l'oracle pour savoir comment avoir un garçon, un héritier. Réponse de l'oracle, sommaire et cruelle : "Tu n'auras pas de fils et ton petit-fils te tuera." Air connu, les fils parricides sont légion dans l'univers grec. Dûment averti, Acrisios enferma Danaé dans une forteresse bien fermée avec des portes de bronze gardées par des chiens. Le seul contact de Danaé avec le monde extérieur était le grillage de sa cellule, ouvert sur le ciel.
Le ciel était l'affaire de Zeus. Voulut-il consoler Danaé ? Ou bien engendrer un demi-dieu héroïque dont il se servirait comme il fit d'Héraklès ? Toujours est-il que Zeus s'est transformé en une drôle de semence : une pluie fécondante. Parce qu'il est le roi des dieux, on dit que c'était une pluie d'or. L'or n'a rien à faire dans la fécondation de Danaé, mais une pluie qui brille au soleil avant de devenir arc-en-ciel, c'est plus beau. Voici donc Danaé enceinte dans sa cage, et son père Acrisios atterré. Et si c'était un petit-fils ? »
Sur Aperto Blogo, le blog personnel de Catherine Aguillon, le billet daté du 28 juillet 2021 - Danaé, Zeus, et la pluie d’or - on peut lire les considérations suivantes, faisant référence au Dictionnaire des symboles :
« La pluie est universellement considérée comme le symbole des influences célestes reçues par la terre, indique le Dictionnaire des Symboles. […]
La pluie : La pluie venue du ciel fertilise la terre … Symbolisme sexuel de la pluie considérée comme sperme (dans le mythe de Danaé) et symbolisme agraire de la végétation, qui a besoin de la pluie pour s’épanouir, se rejoignent étroitement. Le mythe rappelle également les couples lumières-ténèbres, ciel-enfer, or-bronze, qui évoquent l’union des contraires, origine de la fécondité (Symboles, p. 766).
L’or : Métal parfait. Dans la tradition grecque, l’or évoque le Soleil et toute sa symbolique : fécondité-richesse-domination, centre de chaleur-amour-don, foyer de lumière-connaissance-rayonnement … L’or est une arme de lumière. On n’usait que de couteaux d’or pour les sacrifices aux divinités ouraniennes, c’est-à-dire habitant au ciel, comme Zeus ou Apollon (Symboles, p. 705-707). »
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
Les Bibliothèques municipales de la Ville de Genève
Pour www.interroge.ch