La réponse a été mise à jour le 17 November 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Le quatrième de couverture de l’ouvrage de Jérôme Béguin intitulé L'extrême-droite genevoise : des origines à nos jours fournit un premier élément de réponse :
« Apparue vers 1917, l'extrême droite genevoise n'a d'yeux que pour Mussolini dans les années 1920, avant de vanter les mérites d'Hitler la décennie suivante, et d'entretenir des liens étroits avec les nazis pendant la guerre. Après sa débâcle en 1945, il faut attendre les années 1960 pour la voir réapparaître avec Vigilance et se développer aujourd'hui avec l'UDC et le MCG. […] »
Plus précisément, on lit dans les paragraphes qui closent le chapitre consacré à la Seconde Guerre mondiale, qui fait par ailleurs mention de la dissolution de l’Union nationale en 1945 :
« Nouvel ordre européen
Après la guerre, les idées fascistes ne survivent que parmi quelques personnes et groupuscules. Jusqu’en 1951, date de la création du Nouvel Ordre européen, une organisation internationale dont sont membres quelques Genevois, […] et qui s’appuie sur l’idéologie nazie. […]
En 1962, le congrès du Nouvel Ordre européen a lieu à Genève. L’organisation perd de son importance dans les années 1970, elle ne compterait aujourd’hui plus qu’une centaine de membres en Suisse. »
Le chapitre suivant est consacré au parti Vigilance et s’ouvre sur les informations suivantes :
« Le comité de vigilance
En 1964, pour fêter le 150ᵉ anniversaire de l’entrée de Genève dans la Suisse, les autorités commandent un spectacle commémoratif à l’écrivain Walter Weideli. Celui-ci décide de faire du banquier Jacques Necker, qui fut ministre de Louis XIV, la figure centrale du spectacle en relation avec l’actualité politique et économique du moment. […] Une polémique s’engage dans les médias, même le New York Times en parle ! On reproche en outre à Walter Weideli d’avoir confié la mise en scène à Jean Vilar et plusieurs rôles à des Français. A l’initiative de René Besson, une pétition pour interdire la pièce est lancée par un Comité de vigilance […].
Le comité de Vigilance n’était pas loin de se dissoudre lorsque le Canton et la Ville annoncent des augmentations d’impôts. Le comité lance alors deux référendums et les gagne. De ce comité est fondé le Parti Vigilance qui rafle dix sièges au Grand Conseil en 1965, au détriment principalement des formations bourgeoises, en faisant campagne contre "les trusts internationaux qui envahissent et défigurent Genève". Le programme tient en un slogan : "Restons princes en notre ville", une ville sans étranger. »
Au sujet du Nouvel ordre européen (NOE), un article publié le 30 mars 2000 dans le journal Le Temps - Vaud. Gaston-Armand Amaudruz, raciste jamais repenti, va affronter ses juges - nous apprenait qu'un Suisse était à l'origine de cette organisation :
« Né en 1920, il [Gaston-Armand Amaudruz] s'est affiché dès l'immédiat après-guerre comme un contempteur du procès de Nuremberg et comme le partisan d'un Nouvel ordre européen (le nom d'un groupe qu'il a contribué à fonder en 1951) qui n'avait de nouveau que le nom et ressemblait fort à celui que Hitler et Mussolini venaient d'échouer à imposer au monde. »
Pour aller plus loin, nous vous recommandons la lecture de l’article « Genève (canton) » du Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), et plus particulièrement le chapitre consacré à La vie politique à Genève aux XIXe et XXe siècles.
Nous vous conseillons également la lecture du document publié par le Service de lutte contre le racisme (SLR) de la Confédération, intitulé Stratégies contre l’extrémisme de droite en Suisse : Acteurs, mesures et débats, où l’on peut lire dans le point consacré à l’évolution de l’extrême droite en Suisse depuis 1945 :
« A la différence des autres pays d’Europe occidentale, les partis d’extrême droite ne sont toutefois pas parvenus à intégrer le système suisse des partis après la Seconde Guerre mondiale. Certains d’entre eux ont pris part à des élections parlementaires locales et nationales mais ils n’ont pas enregistré de succès électoraux significatifs. Jusqu’ici, l’influence politique de l’extrême droite est donc restée marginale en Suisse. En revanche, les partis populistes de droite ont réussi, depuis les années 60, à s’implanter dans le paysage politique suisse. Ils jouent un rôle important notamment dans les débats et les processus touchant à la politique migratoire. [...]
L’évolution de l’extrême droite en Suisse depuis 1945 comprend trois phases. La première s’étend de 1945 à 1984 et se caractérise par la clandestinité. Les différents acteurs et les groupes organisés restent dans une large mesure entre eux et diffusent surtout leur idéologie néofasciste dans un petit cercle de fidèles. Par comparaison avec d’autres pays comme l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche et la France, l’opinion publique suisse n’était donc guère confrontée à la propagande extrémiste de droite et aux manifestations publiques. […] »
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
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