Interroge a répondu à la question "Qu'était la Ligue des citoyens genevois et quand a-t-elle existé ?"
La réponse a été mise à jour le 15 March 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Il existe peu de d'éléments au sujet de cette association.
Notre bibliothèque conserve les statuts de la « Ligue des citoyens genevois », que l'on trouve également sous l'appellation « Ligue pour la défense des intérêts des citoyens genevois », ainsi qu'une circulaire. Les deux pièces sont réunies dans :
- Pièces diverses / Ligue pour la défense des intérêts des citoyens genevois, 1924.
Les statuts indiquent (extraits) :
« Art. 1 - La Ligue pour la défense des intérêts des citoyens genevois fondée en 1923, a pour but de grouper les citoyens genevois pour la défense et la sauvegarde de leurs intérêts dans tous les domaines où ils pourraient être menacés ou lésés (fonctions officielles, situations commerciales, adjudication de travaux, instruction de la jeunesse, naturalisation, etc.)
Art. 2 - La société n'a aucun caractère religieux ou politique ; elle ne peut délibérer sur les sujets de cette nature et s'interdit de toute manifestation publique ayant cette tendance. »
La circulaire indique quant à elle (extraits) :
« Le but que nous nous sommes assignés nécessite la coopération de tous les Genevois.
L'avenir de notre rade, la mentalité genevoise et nos coutumes séculaires sont menacés par l'immixtion sans contrôle d'éléments étrangers.
Elle lutte dans la mesure de ses forces pour s'opposer aux naturalisations accordées trop légèrement et sans contrôle suffisant à des étrangers parfois peu dignes et trop souvent mal assimilés à notre pays. »
Le secrétariat de la ligue est indiqué au local suivant : « Brasserie du Globe, rue du Purgatoire 2 »
Une seule brochure émanant de cette ligue, Le démagogue et le gogo datée de 1926, est également conservée dans notre bibliothèque. Il s'agit d'une attaque politique en règle contre les socialistes, Robert Grimm et Léon Nicole en particulier.
On trouve des traces des activités de la Ligue dans le Journal de Genève, entre 1923 et 1972, la plupart étant des convocations aux assemblées ou des invitations à célébrer des anniversaires patriotiques, et parfois quelques communiqués :
- 18 août 1923 - annonce de création de cette société.
- 20 décembre 1925 - article Genève, Genève aux Genevois se plaignant notamment de M. Nicole.
- 1er décembre 1926 - article Contre la candidature Grimm et un entrefilet sur la publication de la brochure Le démagogue et le gogo, citée plus haut.
- 27 janvier 1927 - article Ligue des citoyens genevois, qui donne la composition de son comité.
- 29 octobre 1953 - article La Ligue des citoyens genevois a fêté son trentième anniversaire.
- 22 mars 1972 - article Après une pétition de la Ligue des citoyens genevois. Dernière mention de la Ligue dans ce journal.
Une consultation des Annuaires genevois nous a permis d'y trouver mention de la « Ligue des citoyens Genevois » entre 1928 et 1930 à la rubrique Sociétés patriotiques mais ensuite, elle n'apparaît plus. Et nous n'avons rien trouvé pour les époques plus récentes.
Lucien Cramer était le premier président de cette ligue. Il est évoqué à plusieurs reprises par Michel Caillat dans L’Entente internationale anticommuniste de Théodore Aubert : organisation interne, réseaux et action d’une internationale antimarxiste : 1924-1950.
Par exemple dans la note 55, page 95 : « La reconnaissance de la Croix-Rouge soviétique intervient au lendemain de l'entrée au CICR de Lucien Cramer, cousin de Théodore Aubert et anticommuniste résolu. ». Puis, page 132, l'auteur donne des éléments biographiques concernant Lucien Cramer :
« La biographie de Lucien Cramer, qui intègre le Bureau permanent [de l'EIA, Entente internationale anticommuniste] au début de 1933, est une illustration de l'imbrication des organes officiels fédéraux avec des institutions privées, tels le CICR, élément clé de la neutralité helvétique, ou l'EIA, qui contribue à nourrir l'anticommunisme des autorités. Ce juriste et historien, qui a travaillé par intermittence pour le Département politique avant, pendant et après la Grande Guerre, est membre du CICR depuis 1921. Il a rompu avec le parti démocratique en 1923 pour rejoindre les rangs de l'UDE [Union de défense économique], étiquette sous laquelle il a été élu en novembre 1923 au Grand Conseil genevois, au sein duquel il siège jusqu'en 1927, au côté d'Aubert [Théodore], son cousin éloigné. Il est par ailleurs le président de la Ligue pour la Défense des Intérêts des Citoyens genevois, une organisation conservatrice de défense de l'identité genevoise. »
L'auteur fournit à la page 711 d'autres éléments biographiques sur Lucien Cramer et une bibliographie fournie sur cette période aux pages 733 à 756.
Vous pouvez également consulter :
- Souvenirs et Christianisme ou bolchévisme ? de Lucien Cramer
- Face au communisme, 1905-1950 : quand Genève était le centre du mouvement anticommuniste international de Georges Lodygensky
- L’extrême droite genevoise : des origines à nos jours de Jérôme Béguin
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque de Genève
Pour www.interroge.ch