«Genève, une ville égalitaire?»

Dans le cadre du plan d’action municipal «Objectif zéro sexisme dans ma ville» mis en oeuvre depuis 2019, la Ville de Genève a mandaté l’Université pour réaliser une enquête sur les pratiques des femmes dans les espaces publics genevois. Malgré le contexte sanitaire complexe, la Ville a décidé de maintenir la publication du rapport et la sortie d’une campagne d’affichage du 9 au 29 novembre. La crise actuelle ne fait en effet pas disparaître le sexisme et les inégalités de genre, bien au contraire.

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Depuis 2019, le service Agenda 21 – Ville durable du Département des finances, de l’environnement et du logement (DFEL) dirige le plan d’action «Objectif zéro sexisme dans ma ville». Adopté par le Conseil municipal, il vise à prévenir le sexisme et le harcèlement dans l’espace public. Plusieurs projets ont ainsi vu le jour, parmi lesquels des actions de sensibilisation, des mesures de formation du personnel de l’administration ou encore des projets menés dans le but de féminiser progressivement l’espace public.

En marge de ces actions, et afin de remédier au peu de données locales disponibles, la Ville a mandaté la Professeure Marylène Lieber de l’Université de Genève pour conduire une enquête sur les pratiques des femmes dans les espaces publics. Une douzaine de focus-groupes ont ainsi été menés auprès de 80 femmes à l’automne 2019 pour documenter leurs perceptions de l’espace public, leurs expériences et usages de la ville, les contraintes qu’elles rencontrent et les stratégies qu’elles développent pour y remédier. 

Des résultats contrastés

Le rapport d’enquête remis en septembre 2020 révèle que si la qualité de vie est appréciée à Genève, toutes les femmes ne profitent pas de la même manière des ressources offertes. En effet, selon Marylène Lieber, «l’analyse des focus-groupes montre que les inégalités dans l’accès et l’usage de la ville se structurent autour de critères comme l’âge, le revenu, la position sociale, l’orientation sexuelle et affective, le handicap, les ressources linguistiques ou encore le statut légal».  

Par ailleurs, le rapport montre que le fait d’avoir des personnes à charge (enfants, personnes âgées ou à mobilité réduite) induit des réalités différentes. Se sentant souvent davantage légitimes dans l’espace public lorsqu’elles y accomplissent des tâches domestiques, les femmes sont plus nombreuses à avoir une mobilité locale, à l’échelle de leur quartier (notamment dans les parcs, les aires de jeux et les centres commerciaux). Cet usage restreint de l’espace public reflète  aussi le fait que les femmes intègrent de manière précoce l’idée de «danger» associé à la rue.

La récurrence de différentes formes de violence vécues par les femmes dans l’espace public est d’ailleurs également l’un des constats majeurs de cette enquête. L’espace public apparait ainsi comme un espace en tension, un lieu de passage, que les femmes veulent investir mais où elles vivent de nombreuses interactions non-désirées, qui marquent durablement leur perception de l’espace urbain. Toutes les femmes interrogées mettent en place des stratégies d’anticipation, d’évitement ou de protection, qui sont autant de moyens pour continuer à accéder à l’espace public, mais qui ont des conséquences, notamment en termes de charge mentale.

En conclusion du rapport, une série de recommandations sont mentionnées pour rendre la ville plus égalitaire. Elles vont de l’intégration des enjeux de genre dans les plans d’aménagement et les politiques liées aux transports au renforcement des actions de sensibilisation, de formation des professionnel-le-s et de lutte contre les discriminations. L’importance d’une mise en œuvre simultanée de différentes mesures devant former une politique transversale sur le long-terme est également soulignée par l’équipe de recherche, ce qui va dans le sens du plan d’action adopté par la Ville de Genève. «Alors que la crise actuelle creuse les inégalités et accentue les discriminations, cette étude constitue une contribution clé pour la Ville. Elle nous permettra de renforcer notre plan d’action, en rappelant non seulement que l’accès à l’espace public est un droit, mais également que les violences sexistes ne sont ni tolérables, ni tolérées», déclare Alfonso Gomez, Conseiller administratif en charge de l’égalité et de la diversité. 

Le 3e volet de la campagne «Objectif zéro sexisme dans ma ville»

La publication des résultats de l’enquête coïncide avec le troisième volet de la campagne «Objectif zéro sexisme dans ma ville», qui prend ses quartiers dans les rues genevoises du 9 au 29 novembre.

Les visuels de la campagne, élaborés avec un groupe de travail composé des associations et institutions partenaires du plan d’action municipal, sont en lien avec les résultats de l’enquête. Ils font référence à la notion générale du droit à la ville pour tous et toutes mais rappellent aussi de manière concrète que les femmes ont le droit de faire usage de la ville – que ce soit pour pratiquer un sport, se déplacer, flâner ou faire la fête – en toute sérénité. Ils insistent également sur le fait que le sexisme et le harcèlement sont des enjeux qui concernent tout le monde – en tant que cible, témoin ou auteur – et dont il faut se saisir collectivement.  

Des actions de sensibilisation sont prévues en marge de l’affichage public, en partenariat avec le festival Les Créatives, Viol-Secours, Amnesty International, la Compagnie Acte et l’Université de Genève. Il s’agit de stages d’autodéfense FemDoChi pour les femmes, d’ateliers «Ne détournez pas le regard» à destination des témoins, d’une balade urbaine scénarisée intitulée «Public.ques» et d’une soirée débat «Une ville à soi». En raison du contexte sanitaire, ces actions sont reportées ou adaptées à un format en ligne.

Plus d’information sur www.geneve.ch/zero-sexisme

Contact

Héloïse Roman

Chargée de projets égalité

Service Agenda 21-Ville durable

5, rue de l'Hôtel-de-Ville

1204

Genève

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Tél. +41 22 418 22 93

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Article modifié le 16.05.2023 à 13:56