La Ville innove en réduisant drastiquement la taille de ses arbres pour davantage d’ombrage

Pour lutter contre les îlots de chaleur et favoriser la biodiversité, la Ville de Genève met en œuvre un projet inédit d’abandon de la taille de ses arbres architecturés. Sur les 1370 spécimens concernés, 900 arbres soumis aujourd’hui à la taille «en tête de chat» pourront être convertis vers une forme semi-libre. La conversion permettra d'augmenter l'ombrage de ces arbres et les habitats naturels pour la faune.

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Elagage rue Dancet

Simulation (après l'abandon progressif de la taille).

Afin d’atténuer les effets des étés caniculaires et contribuer au développement de la biodiversité, la Ville de Genève concrétise un projet inédit d’abandon progressif de la taille de ses arbres architecturés.

Après une phase pilote lancée l’hiver dernier et une étude menée pour établir l’état de santé des 1370 spécimens concernés, la conversion des arbres taillés en «tête de chat» vers une forme semi-libre est maintenant engagée par le Service des espaces verts (SEVE).

Héritée d’une tradition esthétique du XIXe siècle, illustrant la volonté de l’homme de maîtriser la nature, la «taille en tête de chat» correspond à une taille d’entretien annuelle qui vise à conserver un volume réduit et/ou une forme particulière aux arbres. «Aujourd’hui, notre rôle est au contraire d’aider la nature à reprendre ses droits. A l’heure de l’urgence climatique, ces réflexes du passé doivent être abandonnés. Il s’agit d’une petite révolution puisque l’on rompt avec une tradition séculaire, datant du temps où Genève était un îlot urbain entouré de nature», explique M. Alfonso Gomez, Conseiller administratif en charge de l’environnement.

Une couverture arborée maximisée

Au terme de la phase de conversion - il faut environ 7 ans pour passer d’une forme dite «architecturée» à une forme «semi-libre» -, l’abandon de la taille architecturée permettra aux arbres d’augmenter leur couverture arborée de 250% en moyenne. Ce gain est d’autant plus significatif que la majorité des arbres concernés sont situés dans des quartiers fortement urbanisés. Le développement des couronnes des arbres permettra d’augmenter l’ombrage des secteurs concernés ainsi que leur fraicheur et humidité, grâce au processus de photosynthèse.

L’accroissement de la ramure de l’arbre permettra également de lutter contre la pollution par un meilleur filtrage de l’air et contribuera à développer la biodiversité en créant de nouveaux habitats pour une multitude d’espèces dépendantes des arbres. «Si des projets de conversion ont été menés dans différentes villes, notamment à Paris ou à Strasbourg, sur des sites définis et délimités, la Ville de Genève sera la première municipalité en Europe, à notre connaissance, à lancer un tel projet sur l’ensemble de son territoire», poursuit M. Gomez.

Un processus par étapes

L’étude de santé a permis d’établir que sur les 1370 arbres concernés, quelque 900 arbres, soit 66% de l’ensemble, présentent un état sanitaire suffisamment bon pour être candidats à la conversion. La phase de conversion nécessitera un accompagnement étroit de chacun des arbres, notamment pour leur réapprendre à porter leur branchage. Impliquant des investissements conséquents en termes de ressources humaines et de formation des équipes de taille, qui devront développer de nouvelles techniques d’intervention et de grimpe, la réalisation se fera par étapes.

Pour la saison en cours, 100 arbres sur 5 sites ont été sélectionnés pour initier le processus - à la rue du Vélodrome (11 platanes), à la rue Dancet (50 platanes), au boulevard de la Cluse (13 tilleuls et 5 érables), sur la place Lise-Girardin (4 platanes) et à la rue du Mont-Blanc (17 charmes). La conversion des 800 arbres restant a été échelonnée dans une planification établie jusqu’en 2026. Quant aux 500 arbres qui ne pourront pas être convertis, ils seront taillés un hiver sur deux afin d’optimiser le gain en feuillage et de dégager des ressources. Les arbres nouvellement plantés ne seront plus soumis à la taille «en tête de chat». Cette nouvelle pratique constitue un changement majeur en matière de gestion des arbres et représente un projet d’envergure pour le SEVE.

Inspirer d’autres acteurs

Passer de 21% à 30% de canopée sur le territoire communal constitue un objectif ambitieux, fixé dans le programme de législature du Conseil administratif. Pour y parvenir, d’autres mesures ont été initiées, dont le remplacement de chaque arbre abattu par trois nouveaux spécimens et la création de micro-forêts urbaines.

Avec ce projet innovant d’abandon et de réduction de la taille, la Ville de Genève espère inspirer des régies, des propriétaires et d’autres communes afin de contribuer à l’augmentation globale de la surface foliaire urbaine. Toutes les forces concernées doivent être mobilisées pour lutter efficacement contre le dérèglement climatique et améliorer la qualité de vie en ville.

Contact

Vaucher Anna

Département des finances, de l'environnement et du logement

Collaboratrice personnelle

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1204

Genève

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Article modifié le 21.03.2023 à 18:21