La réponse a été mise à jour le 26 juillet 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
La question de l’histoire des religions dites traditionnelles en Afrique pose quelques difficultés, car comme l’indique Jean-Pierre Chrétien dans son article Religion et histoire en Afrique au sud du Sahara, texte présenté en 1991 dans les actes du colloque L'invention religieuse en Afrique : histoire et religion en Afrique noire, « […] on observe en effet que la dimension historique des phénomènes religieux a été souvent négligée. [...] sous des intitulés plus ou moins réducteurs – croyances traditionnelles, fétichismes, religions du terroir, religions tribales, polythéismes, animismes – se placent une grande variété de convictions, et de rituels, de cultes villageois, de cérémonies officielles de grande ampleur, de pratiques quotidiennes ou de cérémonies secrètes, le tout évoluant aussi au fil des siècles. »
Dans le même ouvrage, l’article d’Yves Person - Pour une histoire des religions africaines - indique : « on pense encore que les religions traditionnelles étaient immuables comme leur vue du monde, ou du moins qu’elles n’ont changé qu’en contrecoup de bouleversements politiques. ». L'auteur explique également, à propos du golfe du Bénin, que ses « religions sont parmi les plus historiques d’Afrique en raison de leur liaison avec de grands états organisés, comme le Dahomey [nom précédent du Bénin]. »
Une autre difficulté est le redécoupage et le renommage durant la colonisation des frontières des royaumes anciens. Ainsi, on trouve dans l’Encyclopaedia Universalis les informations suivantes, dans l'article consacré au Bénin (vous pouvez lire l'intégralité de cet article depuis les postes des bibliothèques de la Ville de Genève) : « Durant la période précoloniale, l'actuel territoire du Bénin était composé de trois grands ensembles de royaumes. Dans le nord dominaient les États fondés par les dynasties guerrières baatombu (les Wasangari) venues de l'est, qui s'étaient établies à Nikki, Kouandé, Kandi, Parakou... et avaient instauré des monarchies de type féodal, organisées selon de complexes relations de vassalité. Dans le Moyen-Dahomey, entre le fleuve Ouémé et la frontière de l'actuel Nigeria, se déployait un chapelet de petits royaumes nago-yoruba – dont ceux de Kétou et Sàbé – qui subirent progressivement l'hégémonie de leur puissant voisin d'Abomey. Au sud, enfin, se trouvaient les grandes monarchies de l'aire Adja-Fon qui allaient exercer l'influence la plus importante sur le pays avec les deux puissants royaumes du Danxomé et de Porto-Novo. »
La monarchie dahoméenne est la plus étudiée et Yves Person mentionne qu’« [elle] a très tôt établi son contrôle sur le culte des ancêtres de chaque lignage, tandis que divers groupes d’esprits locaux étaient fondus dans un panthéon artificiel de vodun. ».
Le vodun, que Marc Augé définit ainsi dans l’Encyclopaedia Universalis ainsi : « le terme vodu (vodou), ou vodun, désigne au Dahomey (devenu la république du Bénin) et au Togo les dieux ou les puissances invisibles que les hommes essaient de se concilier, individuellement ou collectivement, pour s'assurer une vie heureuse. Le terme yoruba correspondant est oriṣa. On peut considérer que le système religieux qui prévaut du Nigeria au Togo, chez les Yoruba, les Fon et les Ewe, est à peu près semblable, bien que les variantes locales soient multiples. Le terme vodu peut s'appliquer à des ancêtres divinisés (notamment dans les familles royales), mais son acception la plus courante renvoie aux forces de la nature telles que la terre, la mer ou la foudre. »
Le missionnaire Paul Falcon constate dans son article Religion du Vodun, publié dans les Études dahoméennes en 1970, que « presque tous les auteurs qui ont écrit sur le Dahomey, depuis les plus anciens jusqu’aux plus récents, constatent la croyance […] à un être suprême. »
Marlène-Michèle Biton mentionne également le vodoun, dans la partie Sphère du religieux de son ouvrage Un chef-d’œuvre des arts d’Afrique : « Du Ghana jusqu’à la partie occidentale du Nigéria, en passant par le Togo et le Bénin, là où des populations de langues et de cultures aja-ewe rencontrent celles de culture yorouba, existe un ensemble de cultes dit culte des vodoun, présentant un large fonds commun, avec un certain nombre de variations, aussi bien au niveau des fonctions que des représentations. »
Pour compléter vos recherches, voici d'autres références qui pourront vous être utiles :
Dieux d'Afrique : culte des orishas et vodouns à l'ancienne Côte des Esclaves en Afrique et à Bahia, la Baie de tous les Saints au Brésil de Pierre Verger
La géomancie à l'ancienne Côte des Esclaves de Bernard Maupoil
Territoires du vodoun en milieu urbain : le cas de Ouidah en République du Bénin de Paul Lando
Vaudou : l'homme, la nature et les dieux : Bénin de Philippe Charlier
An outline of Dahomean religious belief de Melville J. Herskovits et Frances S. Herskovits
Vodún, spiritual insecurity, and religious Importation in Benin de Douglas J. Falen
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève
Pour www.interroge.ch