La réponse a été mise à jour le 9 août 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Concernant l’origine de ce vêtement, les premiers éléments de réponse se trouvent dans le chapitre Une lignée de fleurs bouscule les carreaux écrit par Isabelle Raboud-Schüle dans À la mode 9e numéro des cahiers du Musée gruérien en 2013 :
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« L’apparition du tissu au motif edelweiss dans le choix d’étoffes pour la confection des vêtements de travail n’est pas datée précisément, mais se situe vraisemblablement dans les années 1950. La fleur au nom tyrolien est alors déjà bien connue comme symbole et elle orne le col de toutes les vestes d’armaillis1, en Gruyère comme ailleurs en Suisse. […] La chemise d’edelweiss bleu clair va aussi entrer dans le costume d’armailli, pourtant très codifié. A partir des années 1970, la chemise portée pour le travail est de plus en plus fréquemment constellée d’edelweiss, probablement parce qu’elle est la plus disponible dans la qualité voulue et que le bleu s’accorde bien avec celui du bredzon2. Progressivement, ce code vestimentaire s’impose lors des désalpes et même dans l’uniforme de certaines sociétés. La chemise bleue est adoptée pour des prestations peu formelles alors que la blanche reste de mise pour les fêtes. En moins d’une génération, la chemise edelweiss est devenue traditionnelle.
1 Dans les Préalpes et les Alpes suisses, l'armailli (all. Senn) est le chef d'une exploitation fromagère sur l'alpage.
2 Le bredzon est le costume masculin traditionnel. »
Ces informations sont corroborées par l’article Und plötzlich ist es Tradition publié en juin 2018 dans le quotidien saint-gallois Tagblatt (traduit en français) :
Des fleurs délicatement brodées sur un fond bleu doux : aucun autre vêtement n'est aussi innocemment traditionnel tout en étant aussi chargé idéologiquement. Le plus drôle, c'est que la chemise à edelweiss, également appelée chemise de berger (ou vacher, laitier), est une invention des temps modernes. "Aucun berger du 19e siècle ne portait une telle chemise", explique la folkloriste Birgit Langenegger. Les chemises de berger étaient tout simplement en tissu blanc, afin de pouvoir les laver à l'eau bouillante. Langenegger a publié plusieurs ouvrages sur les costumes traditionnels suisses - et non, même le tissu des fameuses chemises n'a pas une longue histoire.
En revanche, Tobias Scheidegger, chercheur zurichois en sciences culturelles, a étudié une situation inhabituelle : le tissu au motif floral caractéristique a été fabriqué pour la première fois par l'entreprise de tissage Gugelmann & Co. à Roggwil, dans le canton de Berne, et ce dans les années 1960 ou 1970 seulement. Personne ne sait plus exactement qui a inventé le motif, ni quand il a été tissé pour la première fois. […] On ne sait pas non plus qui a d’abord fabriqué une chemise à partir du tissu. Il y a plusieurs entreprises qui prétendent avoir été les premières. Mais la preuve de cela est introuvable, dit Scheidegger.
Si vous souhaitez approfondir le sujet, voici ci-dessous quelques références supplémentaires :
- Une fleur « pour la tradition » de Marlène Albert-Llorca et Marion Taréry paru en 2008 dans la revue Terrain
- Mythos Edelweiss: zur Kulturgeschichte eines alpinen Symbols de Tobias Scheidegger
- Dein Edelweiss, das macht mich heiss : Souvenir und Modeblume der Alpen; mit einem Teilrepr. von "Das Edelweiss von E. M. Kronfeld, einem Gedicht von Mascha Kaleko sowie alpenländischen Liedern und Gstanzln de Wolfgang Till, Andreas Ley et Ulrike Zischka
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève
Pour www.interroge.ch
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