La Ville de Genève et le festival Les Créatives s’engagent pour restituer l’espace public aux femmes

Comme son nom l’indique, l’espace public est censé appartenir à toutes et à tous. Pourtant, de jour comme de nuit, l’usage du domaine public est très inégal entre les femmes et les hommes.

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Dans le cadre de sa politique en matière d’égalité, la Ville de Genève travaille sur cette question depuis plusieurs années et prépare actuellement un plan d’action municipal de prévention du sexisme et du harcèlement dans l’espace public. En lien avec cet engagement, elle soutient le projet «La rue est à nous toutes» organisé par le festival Les Créatives, qui porte une réflexion sur les questions d’égalité, notamment à travers des interventions artistiques dans l’espace public.

Historiquement, les espaces urbains ont été conçus par et pour les hommes. Au moment où nos villes se construisaient, les femmes étaient exclues des lieux publics et cantonnées dans la sphère privée, se limitant à un rôle de procréatrices et de mères. Aujourd’hui, cette conception patriarcale de la société perdure et se manifeste notamment dans un usage très différencié de l’espace public. On sait ainsi que si les hommes flânent et s’arrêtent volontiers dans les rues, les femmes sont plus fréquemment en mouvement et se déplacent pour des raisons fonctionnelles. Si la majorité des agressions sexuelles ont lieu au domicile de l’agresseur ou de la victime, les femmes sont souvent confrontées à des violences sexistes et sexuelles dans les espaces publics, et elles ne s’y sentent pas toujours en sécurité. Un sentiment encore exacerbé dans les espaces d’immobilité, comme les arrêts de tram ou bus, où une femme seule, particulièrement la nuit, est encore considérée comme étant «disponible».

Une action publique déterminée  

Dans le cadre de son engagement en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, la Ville de Genève travaille sur les enjeux de genre dans l’espace public depuis plusieurs années. Après avoir développé des réflexions thématiques et soutenu de nombreux projets ponctuels (dont l’exposition «Stop Telling Women to Smile» aux Créatives en 2017), elle souhaite désormais développer une réflexion transversale sur cette question, en interrogeant l’aménagement urbain, les usages de la Ville et son appropriation par les habitant-e-s. En particulier et pour répondre à une motion du Conseil municipal, elle prépare actuellement un plan d’action municipal de prévention du sexisme et du harcèlement dans l’espace public. Pour Sandrine Salerno, Conseillère administrative en charge des questions d’égalité, «l’objectif est clair: il s’agit de restituer l’espace public aux femmes, leur permettre d’y évoluer de manière sereine et d’en faire usage quand et comme elles le veulent.»

«La rue est à nous toutes»

C’est dans le prolongement de cette politique publique que la Ville de Genève a souhaité soutenir un projet spécifique proposé par le festival Les Créatives . Intitulé «La rue est à nous toutes», il vise à sensibiliser aux questions de genre dans l’espace public, à travailler sur le sentiment d’insécurité et à renforcer la confiance des femmes à être dans ces espaces. Pour Anne-Claire Adet et Dominique Rovini, co-directrices des Créatives, «inviter des artistes femmes à intervenir dans l’espace public est un acte fort pour réclamer à la fois un droit à la ville pour les femmes et plus de visibilité pour les femmes artistes.»

Du 13 au 25 novembre, six illustratrices (Marie-Morgane Adatte, Anne Bory, Bérénice Milon, Sarah Najjar, Maud Oihenart et Marie Lavis) investiront les lieux symboliques que sont les arrêts de tram (Plainpalais, Bel-Air et Uni Mail) avec des illustrations et des projets participatifs. L’objectif est de peupler ces arrêts par des femmes: des dessins de corps et de visages féminins, de tous âges, de toutes tailles, de toutes couleurs, apparaitront ainsi sur les vitres des arrêts. Un projet orchestré par l’architecte et scénographe Dunja Stanic.

Le 14 novembre à 18h30, une table-ronde intitulée «Comment rendre la ville aux femmes?» proposera de débattre des mesures susceptibles d’inciter les femmes à réinvestir les rues, avec la participation de Chris Blache, anthropologue urbaine et co-fondatrice de la plateforme «Genre et ville»; Grace Ly, écrivaine et bloggeuse; Gabriela Cabré, co-organisatrice du projet «Zones relouEs» avec le Parlement des Jeunes Genevois; et Héloïse Roman, chargée de projets égalité au service Agenda 21 - Ville durable.

Enfin, le 24 novembre ce projet se clôturera par un grand rassemblement public et une marche dans les rues du centre-ville de Genève, menée par la fanfare afro-féministe «30 nuances de noir(es)», pour marquer la Journée internationale contre les violences faites aux femmes et en écho aux rassemblements prévus à Paris et dans plusieurs villes européennes. Le rassemblement est fixé à 15h sur l’esplanade d’Uni Mail. La marche longera la plaine de Plainpalais pour rejoindre les rues basses. Des personnalités telles que l’essayiste Mona Chollet, l’humoriste Marina Rollman et la journaliste Lauren Bastide se joindront à ce mouvement. Les réseaux sociaux seront mobilisés avec les hashtag #NousToutes et #jemarchele24ageneve.

Festival Les Créatives, arts et politique

Seule manifestation féminine et féministe de cette envergure en Europe, le festival Les Créatives valorise les femmes artistes et porte les réflexions actuelles sur la place des femmes dans nos sociétés. Pour sa 14e édition, le festival propose un programme ambitieux à l’intersection entre arts, culture et enjeux politiques contemporains. Du 13 au 25 novembre, 57 événements sont organisés à Genève, Lausanne et Morges - dont 35 événements en Ville de Genève.

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Service Agenda 21 - Ville durable : Egalité

Roman Héloïse

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Article modifié le 30.10.2023 à 12:09