Pourquoi certaines compétitions sportives décernent-elles des médailles et d'autres des coupes ?

Bonjour,

Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Il ne nous a pas été possible de trouver de document expliquant clairement pourquoi les prix de certaines compétitions sont des coupes, et plus largement des trophées, et d’autres des médailles.

Il ne semble pas y avoir de corrélation directe entre le type de sport pratiqué, qu’il soit individuel, collectif ou par équipe, et la nature des récompenses qui y sont décernées. La réponse est peut-être à chercher auprès de l’instance organisatrice de l’événement, et les exemples sont nombreux.

Si l’on prend pour exemple les Jeux Olympiques, évènement phare de la compétition sportive au niveau international où seules les médailles font office de récompense pour les vainqueurs, l’on constate que les médailles d’or, d’argent et de bronze sont des éléments résolument modernes.

Le Comité International Olympique (CIO) et le Musée Olympique mettent à disposition du public de nombreux documents à même de vous aider à vous faire une idée plus précise du sujet. La page Médailles olympiques sur le site du CIO indique que « les médailles d’or, d’argent et de bronze sont décernées aux meilleurs athlètes de chaque épreuve des Jeux Olympiques, une tradition qui remonte aux Jeux Olympiques de Saint-Louis 1904. »

Le document Les Jeux Olympiques de l’Antiquité, édité par le Musée Olympique, consacre ses pages 11 et 12 aux récompenses de cette époque. On peut y lire :

« Les couronnes, les rubans, les palmes
Aux Jeux Olympiques modernes, les trois premiers reçoivent respectivement une médaille d’or, d’argent et de bronze. Aux Jeux Panhelléniques, il n’y a qu’un seul vainqueur et son prix consiste en une couronne de feuillage.
Sur chacun des sites, les couronnes sont fabriquées avec des feuillages différents :
- À Olympie, c’est une couronne d’olivier sauvage
- À Delphes, une couronne de laurier
- À l’Isthme de Corinthe, une couronne de pin
- À Némée, une couronne de céleri
En plus de sa couronne, l’athlète victorieux reçoit un ruban de laine rouge, la taenia. […]
Enfin, l’athlète tient souvent une palme (branche de palmier), autre signe de sa victoire. […]
Les prix des concours locaux
Les prix remis à l’occasion des concours locaux ont une valeur matérielle plus importante. Des amphores remplies d’huile d’olive sont bien souvent la récompense remise au vainqueur. À cette époque, l’huile d’olive est extrêmement précieuse et vaut beaucoup d’argent. D’autres prix, comme des trépieds en bronze (supports à trois pieds), des boucliers en bronze ou des coupes en argent peuvent aussi faire partie des lots. »

Le document Les Jeux Olympiques modernes, édité par le Musée Olympique, consacre ses pages 16 et 17 à la cérémonie qui entoure la victoire. On peut y lire :

« Au début, les médailles olympiques varient d’une Olympiade à l’autre.
Aux premiers Jeux modernes à Athènes, en 1896, le vainqueur est couronné d’olivier et reçoit une médaille d’argent, tandis que le deuxième reçoit une médaille de bronze et une couronne de laurier ! L’or, l’argent et le bronze ne sont distribués aux vainqueurs qu’à partir de 1904. […] »

Au sujet des médailles, nous pouvons lire dans l'article La médaille sportive, l’objet centenaire au cœur de multiples débats et passions publié le 20 décembre 2021 dans le journal OuestFrance :

« Aux Jeux olympiques, les médailles d’or, d’argent et de bronze sont apparues en 1904 à Saint-Louis (États-Unis). Quant à la tradition de récompenser chaque arrivant, impossible de la dater ou d’en éclairer les circonstances. "C’est un objet historique très peu étudié. On sait que les premières médailles sportives sont arrivées en même temps que les associations de tir et de gymnastique, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, précise Marion Philippe, docteure en histoire du sport. Mais à l’époque, elles récompensaient les dirigeants qui organisaient des événements." »

L'article Petit patrimoine sportif et imagination symbolique de Robin Recours de l’Université de Montpellier ajoute :

« L’étude du petit patrimoine des clubs sportifs peut consister à poser la question suivante : Quelle est sa valeur symbolique et à quoi renvoie-t-il en termes d’imagination symbolique ? De nombreux symboles anciens sont associés à la confrontation sportive : les médailles et trophées, la coupe tenue à bout de bras de manière quasi-eucharistique, le podium. Ces
trophées et accessoires actualisent un symbolisme bien particulier, qui enchante les stades et donne à rêver à des centaines de millions de pratiquants à travers le monde. »

Plus loin, nous lisons encore « Le doré surdétermine le symbole solaire (qu’est-ce qui ressemble plus au soleil qu ’une médaille en or ?). "L’or possède les vertus dilatées du soleil en son corps" (Bachelard, 1947 : 135). »

Le chapitre Le symbolisme des trophées ajoute les éléments suivants :

« La couronne et le bouclier sont ronds, tout comme la coupe ou la médaille. Le rond est le symbole de la perfection, de la nature céleste. Il renvoie au symbolisme du ciel, ce qui lui confère sa nature prophylactique : chez les Mayas, le ciel est une protection et le soleil un des astres les plus valorisés. où les nombreux sacrifices associés à d es rituels autour d ’une balle symbolisant le soleil, rituels à tort trop souvent comparés au sport (Elias, 1986). La médaille d’or, par sa rondeur et sa brillance, devient symbole de pureté et de lumière. La médaille d’ or (qui renvoie aux images célestes et solaires de notre inconscient phénoménologique) est systématiquement gravée (soit d’un côté, soit de l’autre). Ainsi, le sportif qui la récupère grave-t -il son nom dans l ’histoire des hommes, mais également dans l’histoire de l’univers.

En 1896, lorsque le baron P. de Coubertin proposa la cérémonie de remise des médailles aux Jeux Olympiques, il n ’était pas prévu de médaille d ’or pour le vainqueur. Seuls le second et le troisième recevaient une médaille d ’argent et de bronze. Le premier devait se contenter de voir son numéro de course hissé avec ses couleurs nationales sur la plus haute hampe du stade. Mais la médaille d’or ressemble trop au soleil pour qu ’elle soit évacuée par le psychisme humain. La médaille d ’or s’est, en quelque sorte,
imposée d’elle-même. »

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.

Cordialement,

Les Bibliothèques municipales de la Ville de Genève

Pour www.interroge.ch