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La réponse a été mise à jour le 12 octobre 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Lors de notre quête d’information, nous avons constaté que la documentation concernant ce type de pratique est rare et encore moindre concernant une région précise et une espèce d'oiseaux en particulier.
La conservatrice du département Europe de notre musée nous explique l’histoire, les références, la symbolique, les différentes significations et les aspects anthropologiques de la coutume de clouer des oiseaux :
« Tout d'abord, la pratique de clouer un oiseau à la porte des granges et des maisons ne concernait que les rapaces nocturnes comme les hiboux et les chouettes.
Victor Hugo donne une description de cette pratique dans son recueil de poèmes Les Contemplations. Il fait un parallèle entre la chouette et le Christ, les deux sacrifiés par crucifixion. Il reprend ainsi un symbolisme antique qui associe non seulement la chouette à la sagesse (héritage de l'époque classique) mais en fait aussi un animal christique, surtout lorsqu’elle est représentée portant une croix. Certains auteurs du 19ᵉ siècle, comme l’abbé Jules Corblet, écrivent que c'est par cette proximité avec le Christ que ces animaux étaient ainsi sacrifiés en signe de protection.
Cependant, comme beaucoup de pratiques symboliques anciennes, cette coutume se prête à des multiples interprétations. D'autres auteurs voudraient que ces animaux soient tués, au contraire, en raison d'une mauvaise appréciation. [Tel que nous pouvons le lire, par exemple, sur le site de la Station ornithologique suisse au sujet de la chouette effraie.]
En effet, depuis le Moyen Âge et la large diffusion de textes tels que Le bestiaire divin, composé vers 1210 par Guillaume le Clerc de Normandie, circulent des explications allégoriques et morales de chaque animal. Guillaume de Normandie consacre le chapitre 7 du Bestiaire divin aux Nicticorace, freseie, au hibou et à la chouette. Dans ce texte, il oppose l'animal nocturne à la lumière du Christ, puis fait un lien entre cet animal et le peuple juif qui s'oppose lui aussi au Christ. Souvent, des allégories sculptées comme dans les cathédrales du Mans ou de Poitiers présentent l'oiseau nocturne attaqué par les oiseaux diurnes, allégorie du peuple juif déconsidéré par les autres peuples pour s'être rendu coupable de la mort du Christ.
De cette comparaison négative naît aussi le lien symbolique qui associe ces oiseaux nocturnes au Diable.
Progressivement, cette pratique a changé de cible. On trouve souvent cloués des corvidés aux portes de granges dans différents pays d'Europe, même très éloignés entre eux comme la France et la Grèce. [L'oeuvre de Felix Bracquemond – Le haut d'un battant de porte – en donne un exemple.]
Cette modification vient du fait qu'autrefois existait la coutume de pendre des cadavres de corvidés à des potences – dites potences à corbeau – dans les champs, pour effrayer leurs congénères et protéger les récoltes. Les deux pratiques se sont donc mélangées.
Par ailleurs, les rapaces nocturnes jouissent désormais d'une "bonne presse" et sont souvent protégés comme des espèces en danger, alors que les corbeaux freux (Corvus frugilegus) et la corneille noire (Corvus corone corone) sont considérés dans beaucoup de pays comme des nuisibles, au même titre que le lapin et le rat.
Actuellement en France, l’arrêté du 2 août 2012 prévoit qu’ils peuvent être tirés jusqu’au 31 mars. Cette période peut être prolongée jusqu’au 10 juin pour prévenir les "dommages importants aux activités agricoles". Le préfet a même le pouvoir d’autoriser une personne à détruire ces "nuisibles" jusqu’au 31 juillet "lorsqu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante". En revanche, plus question de tirer au fusil dans les nids, comme cela se faisait autrefois.
Une fois le volatile mort, rien n’empêche un agriculteur d’exhiber le cadavre, accroché par les pattes à une perche, pour effrayer les autres corbeaux ou bien de le clouer sur une porte pour des raisons apotropaïques ("Se dit d'un objet, d'une formule servant à détourner vers quelqu'un d'autre les influences maléfiques".) »
Si vous souhaitez approfondir ce sujet, vous trouverez différents documents dans le catalogue des bibliothèques genevoises Swisscovery. En voici une sélection :
- « Et délivrez-nous du mal... » : signes et rites de protection en Forez rural
- Raven : creator of the World : Eskimo legends de Ronald Melzack
- La Savoie : vie quotidienne, fêtes profanes & religieuses, contes & légendes populaires, architecture & mobilier traditionnels, art populaire d'Arnold Van Gennep
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève
Pour www.interroge.ch