Vous visualisez une version traduite automatiquement de notre site. Certaines traductions peuvent contenir des erreurs et la version française du site fait foi. Nous vous remercions de votre indulgence et vous souhaitons une bonne visite.
Interroge a répondu à la question "D’où vient l’expression péjorative « être pédé comme un phoque » ?"
La réponse a été mise à jour le 18 janvier 2022.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Voici ce qu'en dit l'article Le gay savoir, paru sur le site du journal belge La Libre Belgique le 29 juillet 2004 :
« La langue française réserve parfois des surprises. Prenez l'expression populaire "pédé comme un phoque". A force d'entendre cette comparaison injurieuse, devenue politiquement incorrecte dans une société qui se fait fort d'éradiquer l'homophobie, on a fini par se persuader que les pinnipèdes comptaient dans leurs rangs une importante communauté gay.
Rien ne permet à ce jour de justifier la réputation sulfureuse que traîne le lion des mers. La littérature traitant des moeurs sexuelles de ces mammifères marins ne mentionne en effet nulle part une tendance à l'inversion. On note bien quelques ébats sexuels aussi précoces que collectifs chez le phoque veau marin, mais pas de quoi lui faire porter l'étendard arc-en-ciel pour autant.
Par quel tour de passe-passe cette expression a-t-elle vu le jour alors ? Plusieurs hypothèses coexistent. La plus connue, et sans doute la plus crédible, s'appuie sur une fâcheuse confusion verbale. L'expression ne parlait pas à l'origine du "phoque" mais bien de son homonyme, le "foc". Ce terme désigne la voile triangulaire située à l'avant d'un navire et qui a la particularité de prendre le vent... par l'arrière. Ce qui aurait donné des idées de métaphore aux marins.
Autre explication : celle de la mauvaise interprétation. Dans son Bouquet des expressions imagées, Claude Duneton avance que l'expression originale est bel et bien "pédé comme un phoque", mais ferait allusion non pas à la préférence sexuelle de l'animal mais à son habitude de souffler bruyamment après une longue plongée en apnée. Il faut savoir que le mammifère possède des muscles capables de stocker de grandes quantités d'oxygène, ce qui lui permet de maintenir longtemps sa respiration. Le phoque de Weddell, par exemple, est capable de rester une heure durant sous l'eau et de descendre jusqu'à 500 mètres de profondeur. Mais une fois revenu à la surface, à court d'oxygène, il soufflera comme un boeuf. Un tintamarre qui aurait rappelé à certains le bruit des ébats entre hommes...
La troisième version, plus sérieuse, prétend qu'on doit la formule à un jeune matelot embarqué dans une expédition polaire. Croisant un îlot peuplé de phoques avachis les uns sur les autres, et incapable de distinguer les femelles des mâles, il s'imagina que tout ce beau monde était du même sexe et participait à une sorte d'orgie géante. Qu'un passager déclara qu'il s'agissait de magnifiques pinnipèdes n'arrangea rien. Pensant que ce terme désignait les homosexuels, la jeune recrue inventa la maxime "pinnipède comme un phoque". Après avoir été amputée de ses premières syllabes, l'expression passera telle quelle à la postérité. »
Sous l'entrée « phoque » du Dictionnaire historique de la langue française, nous lisons ce qui suit :
« [...], la locution familière "pédé comme un phoque est un calembour" sur foc (avec l'idée de "vent arrière"). »
Au sujet du mot « foc », nous pouvons ajouter la définition suivante de ce même dictionnaire « Le mot désigne une voile triangulaire à l’avant d’un navire, par une métonymie entre le mât et sa voile (1771, grand foc, petit foc). ».
L’article de Clara Romero, de la Faculté de sciences de l’homme et de la société de l'Université Paris Descartes - A quoi compare-t-on pour intensifier ? : Analyse du comparant dans les comparaisons d’intensité stéréotypées ou inventives. L’intensification et ses différents aspects - publié en 2014, ajoute dans la note de bas de page n° 10 à ce sujet :
« D’après le Robert Historique (Rey 1998 : phoque), "la locution familière pédé comme un phoque est un calembour sur foc (avec l’idée de "vent arrière") ». Duneton (1990 : 210), indique seulement un rapport (mais sans préciser lequel) entre pédé comme un phoque et souffler comme un phoque ; mais il exemplifie par ailleurs largement (même page 210) le fait que l’argot recourt à des termes de marine pour évoquer l’homosexualité masculine (v. être à voile et à vapeur, etc.). Une explication n’empêche de toute manière pas l’autre... V. d’autres exemples dans Cazelles 1996 [Les comparaisons du français] (ex. vieux comme Mathusalem "plaisamment corrompu en Mathieu-salé au XIXe siècle"). »
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
www.interroge.ch
Service de référence en ligne des bibliothèques de la Ville de Genève