Vous visualisez une version traduite automatiquement de notre site. Certaines traductions peuvent contenir des erreurs et la version française du site fait foi. Nous vous remercions de votre indulgence et vous souhaitons une bonne visite.
Interroge a répondu à la question "Qu'appelait-on le "Journal des Nations" à Genève ?"
La réponse a été mise à jour le 22 mars 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Notre bibliothèque conserve le Journal des Nations : paraissant tous les jours sauf le lundi au siège de la Société des Nations qui est paru entre le 25 août 1931 et le 25 avril 1940. Les années 1931-1937 sont également disponibles en ligne sur le site Emeroteca Digitale de la Bibliothèque nationale de Brera à Milan.
Un des rédacteurs principaux de ce journal a été : Carlo Emanuele A Prato ou A Prato. Le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS) a consacré un article à « Carlo Emanuele A Prato ».
Mauro Cerutti a rédigé un article très fouillé au sujet du rédacteur de ce journal et du journal lui-même - Carlo Emanuele a Prato et le "Journal des Nations" : un intellectuel antifasciste dans la Genève de la Société des Nations - aux pages 97 à 110 de l'ouvrage Intellectuels antifascistes dans la Suisse de l'entre-deux-guerres.
Dans son article, Mauro Cerutti décrit précisément les sources qu'il a utilisées et fournit des références bibliographiques très utiles à l'étude de ce journal. Le contenu rédactionnel, les divers financements du journal, ses opposants, le rôle de la presse et du gouvernement suisse demandant l'expulsion de A Prato y sont décrits en détails. En voici quelques extraits utiles à la réponse, mais le sujet doit être creusé en consultant l'ensemble de l'article et les numéros du journal.
Page 97 : « Le nom de Carlo Emanuele a Prato, comme celui du Journal des Nations, ne sont plus connus aujourd'hui que de quelques rares spécialistes de l'antifascisme italien. Dans la deuxième moitié des années 30, le cas A Prato, avait en revanche passablement occupé les autorités et l'opinion publique en Suisse, jusqu'à devenir emblématique autour du droit d'asile et de la liberté de la presse, mais aussi du respect des principes fondamentaux proclamés par la Société des Nations. Dans ce cas, […] l'engagement antifasciste d'un réfugié italien se combine étroitement avec la volonté de défendre le Pacte de la SdN face à la politique agressive des puissances de l'Axe, ce qui aboutira finalement à son expulsion de la Suisse en janvier 1937. »
Page 100 : « En 1931 est fondé à Genève par un journaliste polonais, W. Oryng, le quotidien Journal des Nations, dont A Prato devient collaborateur pratiquement dès le début. Oryng en est le directeur responsable, mais A Prato en deviendra par la suite le directeur de facto. […]
Le contenu du quotidien, dont le tirage n'a jamais dû dépasser les 1200 exemplaires, est entièrement consacré à l'actualité internationale, qui fait l'objet de nouvelles d'agence, d'articles traduits et déjà parus dans des journaux étrangers et de dossiers thématiques, mais en tout premier lieu à l'activité de la Société des Nations. Le journal ne s'intéresse pas à la politique ou à la chronique genevoise. »
Page 101 : « Le Journal des Nations s'attache donc principalement, à défendre les principes du Pacte de la Société des Nations et de la sécurité collective que celle-ci était censée faire respecter. Après l'agression italienne contre l'Ethiopie en octobre 1935, il s'emploie donc, logiquement, à critiquer l'action de l'Italie fasciste, qui en attaquant un autre Etat membre de l'institution wilsonienne avait violé le Pacte, et prône la mise en œuvre effective des sanctions économiques votées par la SdN. »
Page 102 : « Une des forces du Journal des Nations - ce qui va d'ailleurs irriter le plus les diplomates italiens - c'est qu'il est rédigé dans un style irréprochable, sans injures ni offenses personnelles contre les hommes politiques ou les chefs de gouvernements étrangers, et qu'il est donc difficilement attaquable. »
Page 108 : « L'expulsion est finalement décidée le 9 janvier 1937 par la Police fédérale des étrangers, et après le rejet de son recours, A Prato devra quitter la Suisse au mois de mars. […] L'expulsion de A Prato n'entraîne pas pour autant la fin du Journal des Nations. En effet, le journaliste italien va s'installer à Ambilly, en territoire français mais tout près de Genève, où il fonde une société d'édition, les "Presses Zoniennes", […] et où est imprimé le quotidien. Le Journal des Nations continuera donc de paraître, malgré des difficultés considérables, jusqu'à fin septembre 1938 […]. »
Page 109, note 38 : « Le Journal des Nations, va reparaître à Genève, dès le début de l'année 1939, avec une autre équipe : le directeur est Edouard Ganzoni, citoyen suisse d'origine grisonne, et l'éditeur responsable est Maurice Kuentz, [...]. Le Journal des Nations, nouvelle formule, va définitivement cesser de paraître à la fin avril 1940. »
Dans les archives en ligne du Journal de Genève, vous trouverez de nombreuses informations sur la vie de ce journal.
Une dépêche dans l’édition du 26 août 1931 nous apprenait : « Mardi a paru le premier numéro du Journal des Nations, quotidien dont le but est de s’occuper en premier lieu de l’activité de la Société des Nations, du Bureau international du travail et des autres organisations et institutions internationales de Genève. »
Et dans le document Evénements au Palais fédéral, nous pouvons lire que le 7 octobre 1938 « Le Conseil fédéral interdit le Journal des Nations, un journal étranger antifasciste, pour avoir traité de "charcutiers" les signataires de l’accord de Munich. »
Dans l’édition du 11 juin 1939 du Journal de Genève, le court article Le nouveau « Journal des Nations » nous apprenais qu'il « reparaît sous une nouvelle forme, avec une nouvelle direction et un nouveau programme. »
Dans l’édition du Journal de Genève du 2 mai 1969, nous « retrouvons » le Journal des Nations avec un article d’André Lang, rédacteur en chef du Journal des Nations (1932-1938), intitulé Le Journal des Nations et son combat dans lequel nous en apprenons plus sur le journal :
« D'un Journal des Nations à l'autre, plus de trente années se sont écoulées. Il est normal que la majorité des lecteurs de ce premier numéro du Journal des Nations ne sachent pas qu'un quotidien international a paru régulièrement à Genève, siège de la Société des Nations, sous ce même nom, de 1930 à la fin de 1938. […]
Il avait été fondé par quelques journalistes accrédités à la SdN […]. Ils s’étaient fixé comme but de donner une information aussi complète que possible des activités de la SdN et du BIT et de défendre obstinément les principes énoncés dans le Pacte de la Société des Nations. […]
Cette position d’apparente intransigeance et de don-quichottisme avait valu au Journal des Nations d’être considéré par certains comme manquant de "réalisme" et d’objectivité.
[…] l'équipe du Journal des Nations estimait qu'il fallait donner à l'opinion publique une information franche et complète sur tous les grands problèmes qui affectaient la paix du monde, même si cette information pouvait être désagréable pour certains hommes politiques de l'époque. […]
Nous pensions aussi qu'une opinion publique éclairée pouvait être capable d'imposer à des hommes d'Etat le respect des obligations internationales et une attitude plus conforme au droit et à la justice. Et l'on pourrait citer de nombreux succès de cette action de l'opinion publique.
La défense inconditionnelle de la paix n'était pas du goût de tout le monde, et, au cours des années, le Journal des Nations a été interdit successivement par Rome, Tokio, Berlin et Moscou. Beau palmarès en vérité, puisque la lutte pour la paix est inséparable de la défense de la démocratie. […]
Le 7 octobre 1938, le Conseil fédéral suspendait pour six mois le Journal des Nations, à cause d'un article publié le 30 septembre contre le dépècement de la Tchécoslovaquie. Il reprochait aussi à ce journal d'avoir "mené une campagne systématique contre le fascisme et le national-socialisme".
Bien sûr, nous n'avons pas approuvé cette décision. Il convient cependant de le juger à la lumière de la situation dans laquelle le Suisse se trouvait alors. Elle n'a fait que hâter de quelques mois le disparition d'un journal qui n'avait plus sa raison d'être au moment où la SdN vivait ses derniers jours. […]
Ainsi mourut le Journal des Nations.
Aujourd'hui naît un nouveau Journal des Nations, auquel nous souhaitons tout le succès que mérite cette heureuse initiative. »
Nous pouvons voir dans ces archives en ligne que cette édition mensuelle est parue jusqu'à la fin de l’année 1969, puis a cessé de paraître.
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
La Bibliothèque de Genève
Pour www.interroge.ch