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La réponse a été mise à jour le 28 novembre 2024.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Concernant l’usage de cet objet, Federica Tamarozzi-Bert, conservatrice du département Europe au Musée d’ethnographie de Genève (MEG), nous livre des informations sur l’épouvantail, son mode d’utilisation, ses fonctions et son historique. On apprend également qu’il est très difficile de spécifier géographiquement ou temporellement l’utilisation de l’épouvantail. Voici les informations qu'elle nous a fournies :
« Les épouvantails appartiennent à la catégorie des repousseurs optiques pour le contrôle des oiseaux. C'est-à-dire qu'il est positionné dans les champs ou les jardins pour effrayer les oiseaux et les empêcher d'abîmer les récoltes.
Outre le classique pantin à forme humaine, cette catégorie comporte d'autres typologies : comme les cerfs-volants, les statuettes d'animaux prédateurs (rapaces, chats ou serpents), les ballons à l'hélium (comme pour l'épouvantail de Markgren) ou des objets plastiques qui reflètent la lumière. Parfois, on utilise même des lumières stroboscopiques.
Pour accroître son efficacité, il faut changer fréquemment l'épouvantail de place et, si possible, lui associer un bruit car très vite les oiseaux s'aperçoivent de la supercherie.
Courant sur tous les continents, l'épouvantail est utilisé par les agriculteurs du monde entier. Traditionnellement, il s'agit d'un mannequin à forme humaine. Normalement, il est réalisé par un corps de tissu ou de paille monté sur des supports en croix (de bois ou de fer) et habillé de vieux vêtements ainsi que d'un chapeau pour simuler la présence humaine.
Son usage est attesté depuis l'Antiquité classique car, entre autre, il est décrit par Tibullo, un poète latin du Ier siècle avant J.-C.
Il n'existe donc pas de véritable spécificité pour les épouvantails alpins. D'ailleurs des festivals d'épouvantails sont organisés un peu partout dans le monde et aussi en Europe : à Denens (Vaud), Cuneo et Vicenza en Italie, Omal et Thimugie en Belgique.
Cependant, l'épouvantail occupe une place particulière et ambiguë dans la culture populaire où il est considéré avec tendresse et frayeur à la fois.
Il a inspiré de nombreuses oeuvres littéraires et musicales et a été bien étudié par les ethnologues du monde entier. Pour ces derniers, il révèle notamment la relation de l'homme avec une nature non domestiquée et non domesticable et permet d'étudier diverses formes de bricolage et de récupération. »
Voici les éléments que nous pourrions ajouter à cette réponse. Dans la préface de l’ouvrage Epouvantails du monde de Rosa Dausset, un bref historique de l’épouvantail est également donné :
« Invention des sociétés agricoles, l'épouvantail protège les semailles. Invocation, consciente ou non, de divinités fertilisatrices, l'épouvantail est d'abord voulu comme dissuasif "déterrent" des volatiles : détourner les oiseaux d'une source alimentaire facile. Y réussit-il ? Nombreuses sont les études d'éthologie sur la reconnaissance des "formes" visuelles ou sonores par les espèces animales, et tout particulièrement par les oiseaux. […] »
Plus loin dans la lecture, ce sont surtout les aspects spirituels et les croyances en lien avec l’épouvantail qui sont développés :
« Les objets dont les figures étaient, dans l'Antiquité, réputées divinatoires recouvrent l'univers matériel à peu près tout entier : des astres et météores à la configuration des terres et cours d'eaux, la naissance et la conformation des animaux. L'homme lui-même, par son aspect physique, sa conduite, sa vie consciente et mnésique, en faisait partie. La pratique divinatoire, […], fonctionnait un peu comme l'écriture, par déchiffrement de signes. Mais, au lieu de "pictogrammes" tracés par l'homme, ce sont des observations à partir desquelles se construisent le pronostic ou la prédiction.
Les épouvantails perpétueraient-ils, en quelque sorte, ces pratiques de divination ?
Seraient-ils chargés de signes divinatoires, incantations magiques pour une récolte abondante ? Quoi qu'il en soit, leur signification, selon moi, dépasse largement celle du chasse-moineau. La diversité et la richesse de leur composition, leur force émotionnelle, le plus souvent tragique, sont autant de "signes d'humanité", où l'agriculteur-créateur attribue, projette, non seulement son inquiétude sur l'avenir, mais ses peurs, ses souffrances, ses rêves ou ses cauchemars au quotidien. »
Ces informations sont corroborées par celles que l’on peut lire dans le périodique anglais Country life du 3 août 2016, dans un article intitulé Outstanding in their fields écrit par John Lewis-Stempel, où il est également question d’invoquer des divinités. Voici ce qu'on peut lire traduit en français par DeepL :
L'épouvantail, qui effraie les oiseaux, est aussi vieux que l'agriculture. Il y avait des épouvantails dans les champs de blé fertiles le long du Nil à l'époque de l'enfant-roi Toutânkhamon. Dans la Grèce antique, les agriculteurs fabriquaient des sculptures en bois de Priape, qui, bien qu'étant le fils de Dionysos et d'Aphrodite, n'était pas beau à voir et dont la taille démesurée (comme dans priapique) ajoutait à son côté grotesque. Les Grecs peignaient leurs Priapus de bois en violet et leur mettaient une massue dans une main pour effrayer les oiseaux, une faucille dans l'autre pour augurer d'une bonne récolte.
Les Romains ont copié le costum d'épouvantail grec et, lorsque les légions du SPQR (Senatus Populusque Romanus) ont marché sur l'Europe, elles ont introduit l'épouvantail Priapus chez les vaincus, dont nous faisons partie. Bien entendu, l'invention d'un épouvantail par les Celtes barbouillés de guimauve n'échappait guère à l'esprit de ces derniers. Jules César lui-même, dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules, note que les druides construisaient des « hommes d'osier » avec des bâtons et y mettaient le feu pour plaire aux dieux païens.
Un article paru sur le site Learn Religions, datant de 2018 intitulé Scarecrow folklore and magic soit, Le folklore de épouvantail et la magie explique que les enfants faisaient office d’épouvantails (traduit de l'anglais) :
Au Moyen Âge, en Grande-Bretagne et en Europe, les petits enfants travaillaient comme chasseurs de corbeaux. Leur tâche consistait à courir dans les champs en frappant des blocs de bois l'un contre l'autre pour effrayer les oiseaux qui risquaient de manger le grain. Alors que la période médiévale touchait à sa fin et que les populations diminuaient à cause de la peste, les fermiers ont découvert qu'il n'y avait pas assez d'enfants pour courir dans les champs et faire fuir les oiseaux. Ils ont donc décidé de bourrer de vieux vêtements avec de la paille, de placer un navet ou une gourde sur le dessus et de monter la figurine dans les champs. Ils se sont vite aperçus que ces gardiens plus vrais que nature réussissaient très bien à éloigner les corbeaux.
Les épouvantails sont des objets difficiles à conserver dû à leur fabrication rudimentaire et fonction éphémère. Cependant, sachez que le MEG possède dans sa collection trois épouvantails que vous pouvez voir sur ces images.
Si vous souhaitez approfondir ce sujet, vous trouverez une sélection non-exhaustive de documents dans notre catalogue Swisscovery :
- Denise et Maurice, dresseurs d'épouvantails de Rémy Ricordeau
- Le chemin des épouvantails : livre collectif réalisé à l'initiative de Jacqueline Chardon-Lejeune
- Pour une sociologie de l'effroi : note sur l'épouvantail de Françoise Duvignaud - article paru en 1979 dans les Cahiers internationaux de sociologie
- Leurrer la nature cahier dirigé par Hélène Artaud
- Epouvantails : le retour à Denens, en pays de Vaud de Serge Kaplun
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève
Pour www.interroge.ch