Une étude interpelle les acteurs sociaux de la Ville et du Canton sur le non-recours aux prestations sociales

La Haute école de travail social de Genève (HETS) et la Haute école de santé de Genève (HEdS), deux écoles de la HES-SO//Genève, ont présenté ce jour les résultats d’une recherche menée sur le non-recours aux prestations sociales par les familles en situation de précarité, ainsi que les recommandations qui en sont issues.

Ces résultats ont été commentés, dans une conférence de presse conjointe, par les responsables de l’Hospice général, de Caritas et du Centre social protestant, partenaires du projet avec le Service social de la Ville de Genève, ainsi que par deux responsables politiques, Mme Alder et M. Apotheloz, directement interpellé-e-s par les conclusions de cette étude.

Le but principal de cette recherche était de comprendre le non-recours aux prestations sociales financières à Genève, en donnant la parole aux personnes concernées - en l’occurrence des familles en situation de précarité.

Un phénomène complexe

Premier constat de cette étude, présentée par les professeures Barbara Lucas et Catherine Ludwig, le non-recours est un phénomène complexe, associé à un ensemble de motifs

La honte de demander et la stigmatisation des bénéficiaires de prestations financières jouent un rôle important dans le non-recours, renforcé par la prégnance des valeurs d’indépendance et de travail au sein du collectif interviewé. La recherche montre aussi comment un régime de protection sociale peut exclure une partie des populations qu’il vise à intégrer. A force de complexité, le système se révèle peu lisible pour l’ensemble du collectif, dont une partie abandonne sa quête d’information.

Par ailleurs, les récits témoignent de différentes formes «d’exclusion administrative»: la crainte de perdre son permis de séjour; le sentiment d’une fin de non-recevoir au guichet, les exigences bureaucratiques ou l’expérience d’un manque de respect de la part des professionnel-e-s. L’étude révèle aussi le caractère genré du non-recours. Des mères en situation de précarité justifient leur distance aux institutions par un manque de pertinence de l’offre, au regard de leur volonté d’améliorer leur statut social et de s’affranchir de toute tutelle masculine. L’enquête montre enfin la santé fragile du collectif de personnes interviewées, pointant la mauvaise santé psychologique des personnes non-recourantes, ses liens avec la précarité de l’emploi ou du statut de séjour et ses implications sur le non-recours aux droits sociaux et sanitaires.  

Si le rapport n’est pas un rapport d’évaluation des politiques publiques, il a néanmoins vocation à servir d’interface entre la recherche et l’action. Sur la base des constats posés, les chercheures identifient quatre champs d’action prioritaires et proposent une liste de 11 recommandations, parmi lesquelles l’automatisation de l’octroi des prestations, une simplification des procédures et législations, des mesures favorisant l’accès à l’emploi ou une formation des professionnel-le-s du social et de la santé au non-recours.

En partenariat avec quatre acteurs

Le projet a été mené en partenariat avec quatre acteurs importants du monde social genevois: l’Hospice général du Canton de Genève, le Service social de la Ville de Genève, Caritas-Genève et le Centre Social Protestant-Genève. Ils ont été invités, ainsi que les magistrat-e-s en charge de la cohésion sociale de la Ville et du Canton, à s’exprimer sur ces constats et recommandations.  

Plus d'informations dans le dossier de presse à télécharger ci-dessous.

Contacts

Géraldine Puig
Chargée de communication
Haute école de travail social
Tél. +41 78 822 00 15
@email

Manuelle Pasquali de Weck
Adjointe de direction en charge de la communication
Département de la cohésion sociale et de la solidarité
Tél. +41 22 418 49 13
@email

Article modifié le 25.09.2020 à 17:05