La réponse a été mise à jour le 16 mai 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Dans un premier temps, il est important de définir les termes que vous citez.
Le Centre national de ressources textuelles et lexicales (CTNRL) définit le terme « chevaleresque » : « Qui est propre à la chevalerie »
Dans l'Encyclopédie Universalis, Georges Duby définit la « chevalerie » ainsi :
« La chevalerie apparaît au XIe siècle comme une catégorie de la société féodale rassemblant les spécialistes du combat cavalier […]. C'est par le rite de la remise des armes, l'adoubement, que le jeune homme ayant achevé son éducation militaire, est fait chevalier, apte à coopérer loyalement à la défense du peuple et au maintien de la paix. En France, la chevalerie devint rapidement une caste héréditaire et, sous l'influence de l'Église et des croisades, peu à peu se sacralisa. Au cours du XIIe siècle, les qualités fondamentales du bon chevalier, vaillance, loyauté, largesse et courtoisie, furent reconnues comme les vertus par excellence de la noblesse.
La morale de la chevalerie, véhiculée par les œuvres maîtresses de la littérature médiévale en langue vulgaire (morale virile : le mot chevalier n'a pas de féminin), s'imposa à l'ensemble de l'aristocratie européenne qui voyait dans ses valeurs spécifiques les critères de sa supériorité sociale. Cette éthique de l'honneur exerça, dès lors, une séduction profonde et durable, instituant des règles de comportement et de convenances qui n'ont point, de nos jours, perdu tout leur prestige. »
Comme nous l'explique le National Geographic dans l'article Les chevaliers, super-héros du Moyen Âge, paru le 29 avril 2022, les connaissances établies sur ce sujet nous proviennent aussi de la littérature moyenâgeuse, principalement fictionnelle :
« En réalité, la frontière entre document historique et invention littéraire est souvent difficile à tracer : les personnages de fiction ont eu une influence sur le comportement de vrais chevaliers, et les vrais chevaliers ont apporté de la matière pour nourrir l’inspiration des auteurs de récits littéraires. »
Ces informations sont corroborées dans le compte rendu du mémoire de Grégory Chevignon - De l'idéal à l'imaginaire chevaleresque : à travers les oeuvres de Chrétien de Troyes et de Jean Froissart - établit par Marina Lushchenko, dans Les cahiers de recherche médiévales et humanistes :
« Son analyse [de Grégory Chevignon] va se baser, d’une part, sur les romans de Chrétien de Troyes, et de l’autre, sur les Chroniques de Froissart. […] est-il possible d’étudier et qui plus est de comparer les "deux visions différentes de l’état chevaleresque" en choisissant comme base du travail, d’une part, des textes littéraires (Chrétien de Troyes) et, de l’autre, des textes historiques (Froissart). Il est vrai que dans les Chroniques de Froissart l’histoire empiète souvent sur le roman, mais cet auteur reste, avant tout, historien et puise la matière de son œuvre dans la réalité sociale et politique, alors que Chrétien de Troyes crée des œuvres et des personnages de pure fiction, n’ayant que peu en commun avec la vie réelle du XIIe siècle. »
Quant à la réalité de la chevalerie au Moyen-Age, Georges Matoré, dans son ouvrage Le vocabulaire et la société médiévale, nous le décrit ainsi :
« Les activités du chevalier sont considérées par lui comme des devoirs. La première (au moins théoriquement) est la croisade. […] Mais le chevalier doit aussi protéger […] la commune, c’est-à-dire le menu peuple […].
La guerre reste l’occupation fondamentale du chevalier. Elle peut porter dans la littérature courtoise le nom de joste → joute, qui s’applique surtout au combat singulier. L’attitude relative à la guerre a changé : alors que le sentiment national s’élève dans la bourgeoisie, le noble dont la situation financière est souvent précaire et qui est de nature batailleuse [...] est prêt à vendre son épée au plus offrant [...] ; il devient facilement un routier parcourant l’Europe [...]. »
Georges Matoré poursuit en montrant d'autres aspects :
« L’idéal chevaleresque a abouti à un échec ; Froissart et les autres chroniqueurs des XIVe et XVe siècles nous en ont brossé un tableau involontairement peu flatté. A chaque page, dans la description des combats, apparaissent les mots degaster "ravager", ardoir, rober, violer ("faire violence" ou "violer", déjà dans le Roland), occire, boisdié "méchanceté", massacre, etc. »
Concernant la perception contemporaine des chevaliers dans les films et les livres, l'article du National Geographic, souligne l'influence des écrits moyenâgeux :
« La littérature sur les chevaliers, telle que la légende du roi Arthur et de sa cour, devint très populaire et eut une profonde influence sur les origines du roman en Europe. L’importance de la culture de la chevalerie dans les récits persiste encore aujourd’hui au travers de sa large utilisation dans la fantasy, que ce soit au travers de la fiction, des communautés de fans, des jeux, des animations, des séries télévisées ou encore des films. »
Si vous souhaitez approfondir le sujet, voici ci-dessous quelques références supplémentaires :
Chevaliers et miracles : la violence et le sacré dans la société féodale de Barthélemy, Dominique
Le Moyen Age au cinéma : panorama historique et artistique d'Amy de La Bretèque
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève
Pour www.interroge.ch