Vous visualisez une version traduite automatiquement de notre site. Certaines traductions peuvent contenir des erreurs et la version française du site fait foi. Nous vous remercions de votre indulgence et vous souhaitons une bonne visite.
La réponse a été mise à jour le 6 juin 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Sur le plan du vocabulaire, voici d'abord l'explication des origines de l'expression « Beat Generation » donnée par l'article Les origines de la Beat Generation de Stéphanie David, publié sur le site du magazine Balises de la Bibliothèque publique d'information (BPI) de Paris :
« Dans ses textes, Burroughs utilise beaucoup le terme "beat" et plusieurs interprétations de ce mot sont possibles : à partir du 19e siècle il désigne le vagabond du rail qui voyage clandestinement dans les trains de marchandises. Pour les Noirs du Sud, il en vient à signifier la très grande pauvreté. Par ailleurs, c’est un terme emprunté à l’argot, utilisé par les jazzmen noirs et qui signifie "être en bout de course, à bout de souffle, exténué".
Le mot "beat" lui-même doit beaucoup à Herbert Huncke (1915-1996), écrivain, icône de la contre-culture et militant de la cause homosexuelle. Voleur, prostitué, junky, il connaît la prison, vit dans la dèche et se considère comme un hobo (un vagabond), contraint à l’errance. Quand il dit à Kerouac : "Man I’m beat", ce qui signifie être fauché, abattu, sans avenir, il définit alors un certain mode de vie hors-la-loi qui annonce les personnages de Burroughs, Ginsberg et Kerouac. Enfin, il faut ajouter que Kerouac, fin connaisseur des rythmes du jazz - du bebop en particulier - veut transposer dans ses écrits la musicalité et le tempo de cette musique, tels des "battements" saccadés : "Je veux qu'on me considère comme un poète de jazz qui joue des blues à une jam-session le dimanche après-midi". Le mot "beat" fait donc allusion au rythme en général et peut aussi évoquer la vitesse à laquelle Kerouac utilise la machine à écrire, capable de taper 120 mots à la minute, de façon frénétique, souhaitant épouser le rythme de sa pensée. Enfin, pour Kerouac, d’origine franco-canadienne, le mot "beat" est proche de l’adjectif "béat" qui renvoie à une idée d’extase et donne à l’expression une connotation plus mystique, évoquant la recherche d’une illumination, l’ouverture à une perception nouvelle, voire à une révélation.
Quant à l’expression "Beat Generation", c’est l’essayiste et romancier John Clellon Holmes (1930-1988), témoin de la scène littéraire des années 1950 à New York, qui l’utilise en novembre 1952 dans son article du New York Times "This is the Beat Generation". Passionné de jazz, il écrit sur les musiciens de jazz de Harlem. Dans son roman Go (1952), il rend compte de l’envers du décor des grandes villes, décrit la vie nocturne de New York, la pègre, la prostitution, le monde des drogués et des paumés. Ce livre est d’ailleurs parfois considéré comme le tout premier roman beat. Vers 1948, lors d’une discussion avec Ginsberg et Kerouac autour de la Génération Perdue (nom donné par Gertrude Stein au courant littéraire de l'entre-deux-guerre représenté par Hemingway, Fitzgerald, Dos Passos...), ils se demandent si leur génération a un nom, Kerouac répond "Non, nous n’avons pas de nom, pas de caractéristiques, c’est la génération beat (foutue, crevée)". Le mot désigne alors une démarche, l’impression "d'être réduit aux tréfonds de la conscience, d'être acculé au mur de soi-même" (Holmes), et définit bien la sensibilité de marginal qui plaît tant aux écrivains beat. C’est ainsi qu’Holmes reprend le terme et popularise l’expression, ce qui fait connaître le groupe et étend son influence. »
En complément, vous pouvez visionner l'interview du 7 mars 1967 de Jack Kerouac sur le plateau de l’émission Le sel de la semaine, disponible dans l'article Jack Kerouac, l’écrivain vagabond publié sur le site de Radio-Canada. Dans cette vidéo, Kerouac explique lui-même l'expression « Beat Generation » en rapprochant le mot « beat » de « béatifique » en français. Vous noterez néanmoins que même en s'exprimant en français, il utilise toujours l'expression anglaise.
S'agissant du mouvement lui-même, la Beat Generation est un mouvement de contre-culture qui tire ses racines d'un rejet de la société américaine des années 40 et 50, il est donc difficile de trouver un équivalent en France.
Dans son mémoire La « Beat Generation » en France : importation, traduction et édition, Lucie Malagnat explique qu’« au départ, ça n’était pas une école littéraire, ni une nouvelle manière d’écrire ni de penser, ni un mouvement artistique ou littéraire, mais juste une manière de vivre. […] un groupe d’écrivain représentant une jeunesse qui a des difficultés à trouver sa place dans le monde des années 1950 et qui prône une désobéissance civile pour en rejeter les valeurs traditionnelles, forme la "Beat Generation" et se donne comme principale vocation de dénoncer les travers de la société américaine, l’oppression du nationalisme américain dans la vie quotidienne, les tabous, le manque de liberté d’expression, la course au pouvoir et la puissance des lobbies. [...]
Les écrivains "beats" sont qualifiés d’avant-gardistes. [… Ils] se sont démarqués en utilisant un langage provoquant et controversé. Ils ont principalement écrit sur des sujets tabous (drogue, sexe, homosexualité, etc.), montrant ainsi un refus de la société, de ses normes artistiques et politiques, un style de vie subversif et non-conformiste. »
Dans l'ouvrage Beat Generation, une anthologie, Gérard-Georges Lemaire avance qu’« un seul écrivain français a eu d’étroites relations, tant sur le plan personnel que sur le plan littéraire, avec les représentants de la Beat Generation : Claude Pélieu. »
Pour en savoir plus, vous trouverez deux articles sur Claude Pélieu dans l'ouvrage Beat Generation, l’inservitude volontaire rédigé sous la direction d’Olivier Penot-Lacassagne. Dans ce même ouvrage, Jaap Van der Bent suggère dans son article sur Daniel Mauroc que ce dernier est aussi très proche de la Beat Generation : « Parmi les Beats, c’est encore Burroughs qui influença fortement le style de certains de ses livres, écrits après avoir rencontré l’écrivain américain et après avoir découvert son œuvre. »
Jean-Jacques Lebel, artiste et écrivain, a côtoyé les écrivains de la Beat Generation et a contribué à diffuser leur œuvre en France, notamment en les traduisant. Lucie Malagnat, citée plus haut, écrit qu’il « est considéré comme "le" passeur de la Beat Generation en France. »
Enfin, dans le volume 3 de La poésie du vingtième siècle de Robert Sabatier, Daniel Biga est ainsi décrit : « S’il est proche de [Franck] Venaille, Biga l’est aussi des écrivains américains de la Beat Generation, de Jack Kerouac, d’Allen Ginsberg et de leurs amis, de Claude Pélieu, le beatnik français mais on ne saurait le limiter à ces approches tant sa poésie est personnelle et sujette à métamorphoses. »
S’il est difficile de trouver un équivalent français, il faut savoir que la Beat Generation a été fortement influencée par la France comme on peut le lire dans l'article Les origines de la Beat Generation de Stéphanie David, cité en début de réponse : « [Ils] s’inspirent des poètes français, Rimbaud, Verlaine, mais aussi Baudelaire pour ses odes aux paradis artificiels et ses poèmes sur Paris. Burroughs et Ginsberg admirent Lautréamont et Apollinaire […]. Kerouac lit Proust en français, il écrit quelques textes dans cette langue.
D’autres auteurs affiliés à la Beat Generation se réclament du Surréalisme : Philip Lamantia (1927-2005) correspond avec André Breton et publie dans la revue surréaliste new-yorkaise View. Gregory Corso et Lawrence Ferlinghetti signent des textes parcourus d’images surréalistes. Carl Solomon est tellement fasciné par Antonin Artaud qu’il se fait interner en hôpital psychiatrique pour y subir des électrochocs. »
Sur ce sujet, nous vous conseillons de lire l’article de Véronique Lane La littérature française aux sources de la Beat Generation publié dans le livre cité plus haut Beat Generation, l’inservitude volontaire : « En définitive, même si Burroughs, Ginsberg et Kerouac ne maitrisaient pas ou ne s’exprimaient pas en français aussi bien qu’ils l’auraient souhaité, leurs oeuvres démontrent qu’ils savaient à l’occasion fort bien lire, voire traduire et adapter, les œuvres qui leur importaient. Les poèmes de Rimbaud, d’Apollinaire et de Genet, tout comme les romans de Proust et de Céline, ont participé à l’émergence de leurs poétiques et de leurs textes, et les structurent parfois même à tel point qu’ils en sont inextricables. »
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
Les Bibliothèques municipales de la Ville de Genève
Pour www.interroge.ch