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Interroge a répondu à la question "Pourquoi la cathédrale Saint-Pierre de Genève a-t-elle gardé le nom d'un Saint ?"
La réponse a été mise à jour le 14 juin 2021.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
La question de la survivance de noms d’origine catholique dans la Genève protestante s’inscrit dans la problématique plus générale des changements culturels et sociaux intervenus après l’abolition de la messe le 10 août 1535 et l’adoption de la Réforme le 21 mai 1536.
Dès l’automne 1535, les objets et mobilier du culte catholique sont détruits systématiquement, une action qui est connue sous le nom d’iconoclasme et qui fait l’objet d’un article dans le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS).
L’article « Réforme » du DHS en explicite le contexte, au sous-chapitre La Réforme à Genève. Après son retour dans la ville de Genève, en septembre 1541, Calvin « fit approuver en novembre les ordonnances ecclésiastiques dont il était le principal artisan et qu'il renforça au cours des années suivantes. Par la prédication, le catéchisme et le contrôle disciplinaire, il essaya, de concert avec la Compagnie des pasteurs, d'amener les citadins à vivre "chrétiennement". »
Dans l’ouvrage collectif Dire l'interdit : the vocabulary of censure and exclusion in the early modern Reformed tradition de Raymond A. Mentzer, Françoise Moreil et Philippe Chareyre et dont la conclusion est disponible en ligne, Christian Grosse indique à la page 334 :
« la question du ‘contrôle’ religieux, moral et social exercé par les institutions disciplinaires réformées envoie à des notions telles que la "supervision", la "réforme des mœurs", l’"inculcation", l’"imposition des normes". […] Au point de vue institutionnel auquel correspondent ces notions, qui caractérisent un projet de réforme des croyances et des mœurs porté conjointement par l’Église et l’État, fait écho une réflexion sur les rapports des fidèles à ces institutions qui se pose en terme d’"intériorisation" des normes diffusées par ces institutions et de "résistance" au projet dont ces institutions sont porteuses. »
Ce contrôle religieux est ainsi surtout un contrôle des mœurs, d’interdits de certaines pratiques et de nouvelles normes. Si l’on supprime les images religieuses dans les temples, c’est pour éviter les dévotions aux saints, si l’on interdit d’inscrire les noms des défunts sur les tombes, c’est pour éviter qu’un culte des morts se développe.
Pour en savoir plus, il est possible de consulter de Christian Grosse : Les rituels de la cène. Le culte eucharistique réformé à Genève (XVIe - XVIIe siècles.
La purification des mœurs va jusqu’à la suppression de certains prénoms qui faisait référence à des saints et qui n’étaient pas d’origine biblique. On peut se référer à ce sujet à l’article de Lucienne Hubler : De Pierre à Jérémie ou l'influence de la Réforme sur le choix des prénoms : Vallorbe, 1569-1650, paru en 1980 dans la revue de la Faculté des lettres de l'Université de Lausanne : Études de Lettres.
On veut ici éviter que la personne n’invoque son saint patron pour obtenir des protections comme c’était l’usage au Moyen Age. Voir aussi à ce sujet en page 146 de l'Histoire de Genève paru sous la direction de Paul Guichonnet
En revanche, il ne semble pas qu’il y ait eu de changement notable dans les toponymes. Les principaux noms de quartiers actuels de la ville trouvent leur origine dans les noms des anciennes églises médiévales dont certaines sont détruites depuis longtemps : le bourg de Saint-Gervais, la Madeleine, Saint-Germain ou encore Saint-Léger.
De nombreux noms de lieux d’origine catholique se sont maintenus, parfois jusqu’à nos jours, ce que confirme la consultation du plan Billon de 1726 ainsi que la base de données Adhémar des Archives d’Etat
Dans le quartier de la Madeleine on trouvait une rue de Toutes-Âmes, une rue de Paradis (qui était aussi appelée rue du Purgatoire !) et une rue d’Enfer, ces noms évoquaient le cimetière qui entourait le temple à l’époque médiévale. Vous pouvez voir, par exemple sur le site Noms géographiques du Canton de Genève, la fiche pour la rue du Purgatoire.
A Saint-Gervais, une rue passant derrière le chœur du temple porte le nom de rue des Corps-Saints en référence aux reliques qui étaient conservées dans la crypte.
Même les références à la Vierge ont été gardées. Le bas de la Cité s’appelle sur le plan Billon de 1726 « Notre-Dame », une survivance de l’ancienne chapelle qui se trouvait là mais qui a été détruite au XVIe siècle.
La rue du Cloître évoque encore aujourd’hui l’existence du cloître des chanoines détruit au XVIIIe siècle.
Les changements de nom sont peu fréquents, sauf en cas de changement d’affectation, notamment en lieu d’enseignement.
L’ancienne église Notre-Dame-la-Neuve est devenue, sur le plan Billon, temple de l’Auditoire.
A proximité, la chapelle des Macchabées, devenue également un lieu d’enseignement, est désignée comme « Temple des Philosophes jadis la chapelle des Maccabé », en revanche, la rue qui la longe s’appelle toujours « Maccabe ».
Les toponymes ont une forte inertie, conservant parfois des désignations à travers les millénaires On peut consulter à ce sujet Les mots de la géographie : dictionnaire critique de Roger Brunet.
Il n’est donc pas surprenant que le nom de « Saint-Pierre » se soit maintenu à travers le temps, pour l’édifice de culte comme pour les lieux qui l’environnent (cours de Saint-Pierre, rue du Puits-Saint-Pierre). Même si, dans le cas des lieux de culte, le terme de « temple » supplante peu à peu celui d‘« église » à partir de la Réforme.
Marcel Grandjean dans l’introduction à son ouvrage Les Temples vaudois en donne l’explication, en page 7, tout en soulignant que le terme de temple existait déjà à la fin du Moyen Age. Il s’agissait de marquer que le lieu de culte n’était plus un lieu consacré.
Mais les anciennes désignations ont souvent coexisté avec les nouvelles.
Ainsi, un document de 1750 conservé au Centre d’iconographie de la Bibliothèque de Genève montre l’usage des termes concurrent de « cathédrale » et de « temple » dans un même texte. Le titre est Abrégé des mémoires présentés au magnifique conseil touchant le temple de St. Pierre mais la première partie annonce la « Description de l’Eglise Cathédrale de St. Pierre ».
Avec l’intérêt pour l’histoire, au XIXe siècle, le terme de cathédrale s’imposera et celui de temple Saint-Pierre disparaîtra peu à peu, même en milieu protestant.
Enfin, une réponse d'Interroge de février 2014 donne plusieurs références bibliographiques concernant la cathédrale Saint-Pierre : « La cathédrale de Genève était-elle protestante ou catholique en 1814 ? »
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque de Genève
Pour www.interroge.ch