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La réponse a été mise à jour le 12 mars 2024.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
L’étude Aperçu général du phénomène de la culture ultra dans les Etats membres du Conseil de l'Europe en 2009 de Gunter A. Pilz et Franciska Wölki-Schumacher de l’Université Leibnitz de Hanovre publiée par le Conseil de l’Europe le 18 janvier 2010 dans le cadre de la Conférence internationale sur les ultras, passe en revue la situation en Europe.
Au point Définition de la culture ultra en Europe (« similitudes et différences »), nous apprenons qu’« Il n'existe pas "une" scène ultra européenne. Si le phénomène des Ultras est aujourd'hui représenté, plus ou moins largement, dans les milieux de supporteurs de football sur la quasi-totalité du territoire européen (à l'exception entre autres du Liechtenstein, de la Géorgie, de la Lettonie et de l'Irlande), tous les Ultras ne se ressemblent pas. Au contraire, il existe des groupes, des mouvements et des milieux qui diffèrent non seulement selon les pays mais aussi à l’intérieur même de chaque "virage" (emplacement d’un groupe de supporteurs dans les tribunes) quant aux structures, aux règles, aux priorités et même quant à ce que le terme "ultrà" signifie pour eux. Même au sein d'un groupe, il peut exister différents points de vue et différentes positions, en ce qui concerne la politique (Ce qui explique qu'il peut exister à l'intérieur d'un virage de supporteurs des divisions et des séparations, c’est à-dire différents groupes, comme c'est le cas par exemple en Allemagne ou en Italie (N.D.A.)), l’utilisation des engins pyrotechniques, etc. […] »
Par contre, d’après les auteurs de cette étude :
« Ce que tous les Ultras européens semblent avoir en commun, c'est purement et simplement la volonté de soutenir un club ou une équipe en vivant une expérience, le désir extrême de l'encourager pendant 90 minutes en continu de façon créative et avec une liberté d'action maximale (soutien visuel et sonore) et le plaisir de préparer ces interventions pendant la semaine qui précède le match, et ce tout en critiquant sans relâche le "football moderne". Ainsi, pour la majorité des Ultras, ce n'est pas seulement le résultat ou la ligue dans laquelle leur club ou leur équipe joue qui compte, mais bien plus le soutien résolu qu'ils lui portent et les activités organisées avant, pendant et après le match. »
Ce constat est le même dans l’article L'engagement politique des supporters « ultras » français : retour sur des idées reçues de Nicolas Hourcade et paru en 2000 dans Politix : revue des sciences sociales du politique :
« Le positionnement des "ultras" français par rapport à la politique est donc plus varié qu'on ne l'imagine traditionnellement. Ils sont loin d'être en majorité racistes, et certains s'opposent même avec virulence à l'extrême droite. Quand on les interroge sur ce sujet, le discours le plus entendu est celui de l'apolitisme : "La politique n'a rien à faire dans les stades" disent-ils fréquemment, tout en attribuant souvent une tendance politique aux autres groupes. […]
Ces situations où aucune étiquette politique n'est mise en avant sont les plus nombreuses en France. »
Vous verrez toutefois qu’en France, on peut apposer des étiquettes politiques sur certains groupes de supporters :
« La politisation des tribunes est [...] évolutive et dépend des rapports de force entre les individus et entre les groupes. Le virage sud bordelais était depuis l'origine apolitique car il regroupait des personnes de toutes opinions […]. A Marseille, la puissance des groupes antifascistes empêche désormais toute expression politique d'extrême droite. A Paris, c'est l'inverse : les fans d'Auteuil peuvent difficilement s'afficher trop à gauche sous peine de représailles. Quand les forces en présence sont équivalentes, les uns et les autres s'entendent généralement pour exclure toute politique du stade. Sinon chacun affiche ses idées, de manière plus ou moins conflictuelle, cas rare en France, mais plus fréquent en Italie. »
Dans l’étude de l’Université Leibnitz, citée en début de réponse, nous trouvons un chapitre consacré à la politique que nous citons ici dans son intégralité :
« Comme on l'a déjà mentionné à propos de la violence, il convient de préciser d'emblée que le terme "Ultrà" ne renvoie pas en soi à une quelconque position politique partisane de ses sympathisants. "Les Ultràs n'ont pas d'orientation politique clairement définie." [titre de l’article Ultrà hat keine klare politische Richtung de Nicole Selmer paru le 6 mai 2009 dans la revue Ballesterer et dans lequel nous trouvons l'interview de Jonas Gabler auteur du document Ultràkulturen und Rechtsextremismus : Fußballfans in Deutschland und Italien].
De nombreux mouvements se déclarent eux-mêmes, du moins publiquement, indifférents à la politique ou aujourd'hui plutôt "neutres", notamment les mouvements allemands, suédois et norvégiens, et affirment d’une voix que "la politique n'a rien à faire dans le stade".
Lorsqu'il existe des courants politiques au sein d'un mouvement ultra, ils sont plutôt le fait de personnes isolées ou de petites parties d'un groupe qui s'expriment et se définissent sur le plan politique, et plus rarement du mouvement dans son ensemble. Où que ce soit en Europe, les Ultras ne sont ni exclusivement de droite ni exclusivement de gauche. Au contraire, les positions politiques du mouvement diffèrent selon les groupes et selon les pays.
Cela étant, les Ultras de certains pays (Italie, Pologne, Ukraine, Slovaquie, etc.) se sentent plus nettement orientés sur le plan politique, surtout de la droite jusqu'à l'extrême droite. A noter cet élément nouveau : désormais, quelques groupes espagnols idéologiquement à gauche et antifascistes se décrivent aussi comme des "Anti-ultras" pour se démarquer, d'un point de vue terminologique, des Ultras espagnols de droite.
Cela étant, il existe, au sein de la culture ultra "majoritairement apolitique", aussi bien des références de droite (culture de la calomnie, des injures et de la provocation à l'encontre des adversaires, qui se manifeste dans des chants dénonçant des prétendues faiblesses – "être gay", "être une femme", etc. –, mais aussi termes qui évoquent le fascisme, comme "Capo" pour désigner le "Führer" d'un groupe, etc.), que des références de gauche (lutte contre la police et contre l'exploitation commerciale, prédilection pour l'anarchie par rapport à l'ordre, Che Guevara comme symbole de la "lutte pour la liberté", etc.). Il faut donc veiller à ce que des partis politiques extérieurs ne tentent pas d'utiliser des membres des cercles ultras pour servir leurs propres objectifs.
Si les Ultras européens se démarquent des politiques de partis, la majorité d'entre eux sont cependant engagés dans la politique qui concerne les supporteurs. Ainsi : "Les Ultras ne peuvent plus se permettre d'être indifférents à la politique. Cela signifierait qu'ils fuient leurs responsabilités."
"De nombreux groupes ultras reconnaissent qu’une conception dogmatique prônant le "No politics" n'est compatible ni avec leur position ni avec la critique de l'exploitation commerciale et de la répression, revendications qui, en elles, sont déjà de nature politique." [Jonas Gabler dans son interview]. »
Nicolas Hourcade ajoute dans son article que :
« Contrairement à la violence ou à l'affirmation d'une identité locale, la revendication d'une tendance politique n'est pas nécessaire à la logique "ultra". Un groupe authentiquement "ultra" peut être totalement apolitique ; beaucoup d'"ultras" soutiennent même que la politique devrait rester hors des stades. L'affichage d'une couleur politique fait partie de la recherche, plus générale, d'une définition de soi par la mobilisation d'identités collectives. Les "ultras" revendiquent avec force leur appartenance locale, régionale ou nationale, et ils se livrent à un bricolage de ces identités afin de légitimer leur combat de supporters et de l'inscrire dans une tradition, celle du club et au-delà celle de la ville, de la région ou du pays, dont ils relisent l'histoire. »
Et l'auteur conclut son article ainsi :
« Du fait de sa variété et de son ambivalence, la culture "ultra" peut être appropriée de manières très diverses, selon les aspects qui en sont privilégiés : elle peut attirer aussi bien des jeunes fascistes, que des militants proches de mouvements alternatifs de gauche, ou que des personnes peu préoccupées par la politique. »
Enfin, pour conclure, dans le résumé de l'étude publiée par le Conseil de l'Europe, nous pouvons encore lire que « […] les différentes scènes ultras sont plus ou moins confrontées à divers problèmes, notamment de violence, et parfois amenées à lutter contre les idées politiques de droite (et de gauche). Il en ressort que les personnes extérieures au mouvement – sous l'effet des médias par exemple – assimilent souvent les Ultras aux supporteurs à problèmes, aux fauteurs de troubles et aux radicaux d'extrême droite, point de vue inexact car superficiel et indifférencié.
Malgré tout, ou peut-être justement en raison de cette mauvaise image et des problèmes croissants avec la police, il serait bon que le mouvement ultra se responsabilise davantage, se penche sur sa propre culture et mette en place une autorégulation, mais aussi que du côté des clubs, des associations, de la police et de la société, les mentalités évoluent. »
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
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