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La réponse a été mise à jour le 27 juillet 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Formellement, le terme de patriarcat est défini ainsi par Michel Panoff et Michel Perrin dans leur Dictionnaire de l’ethnologie :
« système politico-juridique dans lequel l’autorité et les divers droits sur les personnes et les biens coïncident avec la règle de filiation patriliénaire pour se concentrer entre les mains de l’homme occupant la position de père-fondateur dans une famille étendue. Les théoriciens de l’évolutionnisme voyaient dans le patriarcat une forme tardive d’organisation sociale, le stade primitif ayant été selon eux celui du matriarcat. Quoique n’ayant pas le caractère conjectural du matriarcat, le patriarcat possède rarement la pureté institutionnelle que lui prêtaient les anciens auteurs, car les femmes et les parents maternels se voient toujours reconnaître les garanties en face des hommes et des parents paternels. »
Le matriarcat apparaît ainsi déjà dans cette définition, mais possède un sens qui peut différer comme nous le montre sa définition issue du même dictionnaire :
« Matriarcat : système politico-juridique imaginé par les premiers théoriciens de l’évolutionnisme et postulant que le pouvoir est détenu par les femmes dans les sociétés où les liens généalogiques ne sont officiellement reconnus qu’en ligne maternelle. Aucune société réelle, si "primitive" soit-elle, ne connaît le régime du matriarcat ainsi défini. Ici comme dans d’autres théories de la même époque, il y a confusion ou glissement entre filiation matrilinéaire qui existe effectivement dans de nombreuses sociétés, et régime de l’autorité postulé sur la base d’une hypothèse arbitraire concernant un état premier de l’humanité. »
L’évolution sémantique de ces deux termes et les systèmes de pouvoir auxquels ils renvoient nous est expliqué par Nicole Echard dans le Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie de Pierre Bonte et Michel Izard :
« Le terme "matriarcat" a été formé à la fin du XIXe siècle sur le modèle de "patriarcat" ; ce dernier mot a lui-même subi une évolution sémantique depuis une origine religieuse (XVIe siècle) jusqu’à son acception moderne, qui le fait désigner, à partir du début du XIXe siècle, une forme d’organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l’autorité par les hommes, à l’exclusion explicite des femmes. […] Les termes de patriarcat et de matriarcat ne sont au départ symétriques que lexicalement : le "matriarcat" désigne une organisation sociale fondée sur la filiation matrilinéaire et non sur le pouvoir des femmes. Mais ils deviennent peu à peu sémantiquement comparables, "matriarcat" prenant le sens à la fois de "droit maternel", conception de la maternité considérée comme apte à fonder un statut (développée par J.J. Bachofen), et de dominance des femmes, notion qui renvoie à une théorie du pouvoir leur accordant un rôle institutionnel similaire à celui que les hommes ont dans l’organisation patriarcale. Le matriarcat fait partie des hypothèses des évolutionnistes du XIXe siècle, […] pour expliquer le développement historique des sociétés. Dans cette perspective, le matriarcat représenterait un stade primitif d’organisation sociale ultérieurement remplacé par le patriarcat. »
Plus formellement, voici comment l’Encyclopédie Universalis en ligne, dans l’article intitulé « Organisation sociale » écrit par Jean Cuisenier, définit ces deux systèmes :
« Si l'on nomme "patriarcale", avec Radcliffe-Brown, une société où la descendance est patrilinéaire, où le mariage est patrilocal (l'épouse vient habiter dans le groupe local de son mari), où l'héritage des biens et la succession dans le rang se font en ligne masculine et où l’autorité est détenue par le père et ses parents, alors on nommera "matriarcale" une société où la descendance, l'héritage et la succession se font en ligne féminine, où le mariage est matrilocal (le mari vient habiter dans la maison de sa femme) et où l'autorité sur les enfants est exercée par les parents de la mère. Certes, la distinction entre ces deux types de société n'est pas absolue : dans la société la plus rigoureusement patriarcale, une certaine importance est attribuée à la parenté par la mère, et vice versa. »
Parmi les sociétés les plus souvent décrites comme matriarcales existe l’exemple des Na, sous-groupe de l’ethnie chinoise Moso, décrite ainsi par Hua Cai dans Une société sans père ni mari, Les Na de Chine :
« Entre les partenaires, il n’existe aucune relation économique. Les enfants nés de ce commerce sexuel font partie, invariablement, de la lignée de la mère, dont les membres assurent l’éducation, sans que le géniteur y intervienne d’une quelconque manière. Celui-ci n’est d’ailleurs souvent "identifié" que par sa ressemblance avec l’enfant. Parfois il n’est même pas connu, les femmes recevant des partenaires différents. Nous n’avons d’ailleurs trouvé, dans la langue na, aucun terme qui recouvre la notion de père, leur terminologie de parenté étant strictement consanguine et matrilinéaire. Quant à l’héritage, la transmission s’effectue, d’une génération à l’autre, de façon collective. »
Si vous souhaitez approfondir ce sujet, vous trouverez une sélection de documents disponibles dans les bibliothèques genevoises :
- Masculin/féminin de Françoise Héritier
- Sexe, genre, identité : approches pluridisciplinaires Occident, Océanie, océan Indien, monde arabe paru sous la direction de Mounira Chatti
- Du règne de la mère au patriarcat de Johann Jakob Bachofen
- Du matriarcat au patriarcat : les mythes masculins à l'épreuve de la science d'Esther Resta
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève
Pour www.interroge.ch