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La réponse a été mise à jour le 4 janvier 2024.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Dans l'article « Genève (canton) » du Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), nous pouvons lire au chapitre 3 Economie, société et culture jusqu'au XVIIIe siècle. Economie. Agriculture :
« L'agriculture genevoise d'Ancien Régime peut être définie comme un système de petites et moyennes propriétés pratiquant le faire-valoir direct et la polyculture. Champs semés de blé, prés pour le bétail et vignes se partagent en effet la majeure partie des terres disponibles, sauf dans la banlieue, où plus de vergers et de jardins contribuent à ravitailler les marchés de la cité. Au XVIIIe siècle, adaptant leur production à l'évolution des prix, les propriétaires tendent à diminuer la surface de leur vignoble au profit des emblavures [terre ensemencée de blé ou d'une autre céréale] et de l'élevage, plus rémunérateurs. [...] »
Nous lisons dans l'article en ligne sur Les travaux des champs de l'Encyclopédie de Genève, au chapitre Le paysage :
« Avant les remaniements parcellaires du début du XXe siècle, liés à la mécanisation de l'agriculture, la campagne genevoise était divisée par un réseau de haies vives. En cela le paysage agraire genevois se rattachait, non à celui de la Suisse, ou du nord de la France, mais à celui du midi : avec la Savoie c'était le dernier bastion du bocage; le Pays de Vaud, à l'est de l'Aubonne, avec ses champs ouverts, appartenait déjà au nord.
Pays de bocage, c'est-à-dire de champs clos par des haies, et ainsi soustraits aux contraintes collectives de culture qui pesaient sur les paysans en pays de champs ouverts, le bocage laissait une plus grande place à l'individualisme agraire. Derrière ces haies, les parcelles étaient de très petite taille (un demi-hectare en moyenne) et se présentaient souvent sous la forme de rectangles très allongés.
Observée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la campagne genevoise était une zone de polyculture dans laquelle un peu plus d'un tiers (38%) de la superficie était dévolu aux terres labourables (céréales panifiables); un second tiers était boisé, et un cinquième formé de prés. En outre, la vigne, bien que modeste par la superficie qu'elle occupait, jouait un rôle important dans l'économie agraire, par l'abondante main-d'œuvre et les capitaux qu'elle nécessitait. Un autre aspect particulier de ce paysage, aujourd'hui disparu, était l'existence des hutins: ils consistaient en vignes courant d'arbre en arbre au-dessus de champs cultivés. Ces parcelles mixtes couvraient, jusqu'en 1817, environ 8 pour cent du territoire et donnaient au paysage une autre touche méridionale. L'emploi du sol évolue lentement pendant le XVIIIe siècle. »
Au sujet de cette agriculture orientée vers le Midi, l'ouvrage L'économie genevoise de la Réforme à la fin de l'Ancien Régime, XVIe-XVIIIe d'Anne-Marie Piuz et Liliane Mottu-Weber (disponible partiellement en ligne) ajoute :
« La réédition du Théâtre d'Agriculture et Mesnage des champs, d'Olivier de Serres, chez Pierre et Jacques Chouet en 1639 est à relever. C'est un ouvrage important et recherché, les nombreuses réimpressions l'attestent. Il est même possible que ce livre, qui expose les pratiques agricoles du sud de la France [...] ait eu un écho très favorable dans la campagne genevoise. Les produits qu'on y cultive - asperges, cardons, vigne et hautins - rattachent la campagne à une agriculture méridionale ; les nombreux réfugiés "pour cause de Religion" que Genève accueillera dans ses murs vont sans doute consolider les tendances de cette agriculture tournée vers le sud.
Mais au XVIIIe siècle, sensibilisés par les travaux et les résultats positifs de l'agriculture anglaise [...] les Genevois regardent plus volontiers vers le Norfolk. Nombre d'entre eux furent aussi des agronomes avertis.
Il faut toutefois attendre 1776 pour que se crée une Société d'Agriculture à Genève [...]. »
Dans ce même ouvrage, nous lisons au chapitre sur l'agriculture que :
« Force est d'admettre que nous sommes encore mal renseignés sur l'évolution de la production agricole genevoise entre le XVIe et la première moitié du XVIIIe siècle. Entre ces deux dates, les baux de fermage ou de métayage ne signalent aucune évolution dans les pratiques agraires ni aucune innovation dans l'outillage. Les bas rendements restent une constante. [...]
Si nous connaissons relativement bien l'étendue de chacune des cultures dans la campagne genevoise dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, il est encore difficile d'avoir une idée précise de l'emploi du sol pour les XVIe et XVIIe siècles. »
Au sujet des hutins, nous vous renvoyons à une réponse fournie par Interroge en août 2023 à la question suivante que vous pourrez lire dans nos archives en ligne « Je recherche des informations sur la conduite de vergers en hutins qui se pratiquait autrefois ». Le chapitre sur Le vignoble genevois de l'Encyclopédie de Genève vous en apprendra plus sur ce type de culture pour la période qui vous intéresse, comme par exemple :
« Les cinq siècles de vie rurale qui séparent 912 de 1512 (dissolution du prieuré de Satigny par une bulle du pape Jules II) sont capitaux pour la mise en place du vignoble tel qu'il est décrit encore au XVIIIe siècle: parchets en ordre dispersé, forte proportion de hutins (vignes hautes courant en guirlandes entre les arbres fruitiers et les érables), tout donne un air de fête à la campagne de Genève. La tendance autarcique médiévale s'applique tout particulièrement au vignoble: point de communauté chrétienne sans vin de messe, et l'on accommode le plant au sol comme au site. »
Toujours dans l'Encyclopédie de Genève, le chapitre L'agriculture traditionnelle indique :
« Le type d'agriculture qui a prévalu dans les environs de Genève jusque vers 1840 est extensif; en ce sens qu'elle nécessite une grande superficie en raison des faibles rendements qu'elle offre, par opposition à une agriculture intensive, actuellement pratiquée en Europe, où la terre, fortement stimulée par les engrais, produit davantage.
Ainsi une année sur deux ou sur trois, la terre devait être laissée en repos, après la récolte, pour ne pas s'épuiser. Durant cette mise en jachère, elle devait néanmoins être labourée à plusieurs reprises pour se régénérer. A Genève, c'est le cycle de deux ans qui semble avoir été la règle (assolement biennal); il ne s'agit pas là d'un retard sur le reste de l'Europe du Nord qui pratiquait l'assolement triennal, à tort déclaré plus "moderne": l'assolement biennal permettait de produire un maximum de froment, céréale la plus demandée par une ville riche, qui mangeait du pain blanc.
Les raisons de ce sous-emploi des terres — la moitié des terres labourables ne porte pas de culture, alternativement une année sur deux — sont liées au manque d'engrais. Naturelle plutôt qu'écologique, l'agriculture traditionnelle souffre d'un manque chronique d'engrais. Vers la fin du XVIIIe siècle on ne comptait que deux vaches, en moyenne, par exploitation, sans qu'on puisse en augmenter le nombre puisque les terres étaient en premier lieu consacrées aux céréales. D'autre part, la précarité des instruments de labour, les semailles effectuées à la volée, le manque de chevaux, contribuent à figer l'agriculture genevoise dans un immobilisme presque total. Les conséquences de cette agriculture de type ancien sont visibles dans les rendements céréaliers: ceux-ci sont extrêmement faibles. Au XVIIIe siècle, pour un sac de blé semé, on en récoltait de 3 à 5 (le rapport est actuellement de 1 à 40), et ce très bas niveau renforçait la "tyrannie" des blés auxquels il fallait consacrer une part de plus en plus grande des terres.
Dès le milieu du XVIIIe siècle cependant, diverses tentatives sont faites pour améliorer l'agriculture. [...] »
Au sujet de l'assolement biennal cité ci-dessus, nous pouvons lire dans l'article « Rotation biennale » du DHS :
« La rotation biennale, souvent décriée et décrite comme inférieure à la rotation triennale, est une pratique de culture (Systèmes culturaux), que l'on observe dans plusieurs régions d'Europe. Elle consiste à ensemencer la moitié des champs en blés d'hiver, l'autre moitié étant laissée en jachère. En Suisse, elle est caractéristique des terroirs aux sols pauvres et/ou au climat sec, situés surtout sur le versant sud des Alpes (Valais, Tessin) et ceux où il y a une forte demande de céréales panifiables (par exemple la campagne genevoise). Sous l'Ancien Régime, la rotation biennale a pu se maintenir là où existait une certaine liberté dans le choix des cultures. Vers Genève, elle signifie que les labours étaient pratiqués par des attelages de bœufs et non par des chevaux. Dans les Alpes, les champs étaient ensemencés en froment, en seigle ou en maïs et aux alentours des villes souvent en froment et seigle (méteil). La rotation biennale demande plus de travail, car la jachère doit être labourée plusieurs fois. Les agronomes observent que, à superficie égale, les rendements céréaliers obtenus sont supérieurs à ceux de la rotation triennale. »
Et dans l'ouvrage d'Anne-Marie Piuz et Liliane Mottu-Weber cité plus haut, nous pouvons encore lire à ce sujet :
« La supériorité de l'assolement triennal par rapport à un assolement biennal, souvent avancée, n'est pas évidente. Car s'il est vrai que l'assolement triennal met en jeu une plus grande superficie emblavée, il ne faut pas oublier que la moitié de celle-ci est ensemencée en grains de printemps dont les rendements à la superficie sont plus faibles. Pour Genève les agronomes parlent de rendements inférieurs de moitié et des prix plus bas.
Dès lors on comprend aisément la préférence du petit propriétaire-exploitant pour le froment. En termes de céréales panifiables, le biennal est même plus avantageux, puisque chaque année la moitié des emblavures leur sont consacrées, alors que l'assolement triennal ne leur accorde qu'un tiers de la surface. Les exigences d'une vielle riche, comme Genève l'est au XVIIIe siècle, grande consommatrice de pain blanc, sont ici satisfaites. »
Nous pouvons également nous référer à l'article du DHS « Agriculture » au Moyen-Âge :
« Du IXe au XIIe s., la croissance de la population entraîna celle des surfaces cultivées. Comment l'élevage évolua-t-il? Cette question, rendue difficile par l'extrême rareté des sources, est controversée. Les défrichements culminèrent aux XIIe-XIIIe s. Pour nourrir une population croissante, on intensifia sur le Plateau suisse la céréaliculture, d'une part en convertissant des prés en champs et en réduisant le cheptel (surtout le petit bétail, chèvres et moutons), d'autre part en améliorant les rendements par le passage à l'assolement communal obligatoire (village) et par des progrès techniques comme l'introduction de la charrue. Cette évolution ne toucha pas les zones d'altitude, peu propices aux céréales [...].
La protoindustrialisation qui débuta à la fin du XVIe s. ne menaça nullement l'agriculture dans sa très forte prééminence économique, sensible, malgré le manque de données statistiques, sur tous les plans: capitalisation, investissements, ampleur et valeur de la production, nombre de personnes occupées directement ou indirectement. Jusqu'au XIXe s., les paysans travaillaient presque uniquement avec les ressources disponibles dans leur région.
Le secteur agraire alimentait aussi les finances publiques. Sur les terres à blé du Plateau, il était soumis à la fois aux contraintes de l'assolement, aux redevances féodales et à l'autorité des villes dont les paysans étaient les sujets. [...] »
L'article du DHS sur la « Céréaliculture » ajoute encore au chapitre 1.2 Les céréales sur le Plateau que :
« La forte croissance démographique qui suivit l'an mille fit adopter partout la rotation triennale (attestée pour la première fois vers 800), méthode qui permit d'augmenter les rendements de 50% environ. Dans ce cycle se succèdent, en trois ans, la récolte d'une céréale d'hiver, celle d'une céréale d'été, puis la jachère, où la terre se régénère et se fume parce qu'on y laisse paître le bétail. Les principales céréales d'hiver étaient l'épeautre en Suisse alémanique et le froment, plus apprécié, mais plus délicat, en Suisse romande. L'avoine et, à l'époque moderne, le seigle, dominaient parmi les céréales d'été.
La rotation triennale fut d'abord appliquée par les paysans à titre individuel. Mais elle se transforma bientôt en un système collectif contraignant (on parle alors d'Assolement triennal), où les champs de tout un village étaient répartis en trois soles, chacune consacrée à une culture. Cela présentait plusieurs avantages: économie de bois pour les clôtures, pas de place perdue pour des haies et chemins, surveillance simplifiée du bétail (chaque communier ayant le droit de vaine pâture, c'est-à-dire le droit de faire paître librement ses bêtes sur la sole en jachère et, en saison, sur celle que l'on venait de moissonner; on y rassemblait par commodité tout le troupeau du village). [...]
Les outils ne changeaient guère au fil des siècles. Le plus souvent, on utilisait la charrue à versoir, qui retournait le sillon, attelée à quatre bœufs. On moissonnait à la faucille. Dans les marges du Plateau et dans les Alpes, le travail à la houe était encore fréquent. Entre 1600 et 1700 apparurent, d'abord dans les zones de transition entre Plateau et Préalpes, des enclosures, c'est-à-dire des parcelles clôturées soustraites à la contrainte de l'assolement. »
Pour plus d'information sur ce vaste sujet, nous vous recommandons encore la consultation des ouvrages suivants :
- Histoire de Genève. Des origines à 1798 publiée par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève
- L'article de Corinne Beutler Un chapitre de la sensibilité collective : la littérature agricole en Europe continentale au XVIe siècle publié en 1973 dans les Annales : économies, sociétés, civilisations
- L'agriculture genevoise au temps de l'Escalade de Jean-Frédéric Roullier
- L'article d'Anne-Marie Piuz Climat, récoltes et vie des hommes à Genève, XVIe-XVIIIe siècle publié en 1974 dans les Annales : économies, sociétés, civilisations.
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
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