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Interroge a répondu à la question "Dans le château de Buonconsiglio à Trente en Italie, il y a une fresque montrant une bataille de boules de neige. Est-ce la première fois que ce type de scène est représentée dans l'histoire de l'art ?"
La réponse a été mise à jour le 26 septembre 2022.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Le Cycle des mois, nom donné aux fresques qui ornent l’intérieur de la Tour d’Aquila au château de Buonconsiglio à Trente, comprend en effet une peinture murale du mois de janvier où l’on peut observer une bataille de boules de neige. Dans l’ouvrage Il ciclo dei Mesi di Torre Aquila a Trento, écrit par Enrico Castelnuovo, l’auteur nous donne le contexte historique dans lequel ces œuvres ont été réalisées :
« Une série ininterrompue d'images se succèdent sur les murs, illustrant, à travers un savant tissage de thèmes d'inspiration à la fois noble et populaire, les différents mois de l'année. Il s'agit de onze scènes (l'une d'elles, illustrant le mois de mars et qui devait décorer la cloison de l'escalier en colimaçon de l'angle sud-est, a disparu lors de la démolition de l'escalier). Chaque scène est consacrée aux passe-temps et aux travaux s'étendant sur un mois […]. Le cycle fut réalisé, en effet, avant 1407, c'est-à-dire avant l'emprisonnement de l'évêque [Georges de Liechtenstein] et son départ forcé de Trento. Le cycle reporte en outre les armoiries des Liechtenstein coupées d'or et de gueules (visible dans la scène de janvier et dans l'encadrement de la fenêtre sur la cloison est). Il semble bien difficile de soutenir que l'évêque l'ait fait exécuter après l'émeute, alors qu'il ne séjournait que sporadiquement à Trento. En outre, la cloison nue de la salle du troisième étage, dont la décoration est conservée à l'état fragmentaire, révèle l'empreinte du maître qui réalisa le Cycle des mois et un dessin rappelle l'emprisonnement de l'évêque en avril 1407. L'élément qui, de nos jours, donne une réelle dimension moderne au tableau est l'extraordinaire extension du paysage qui, mois après mois, scande dans un rythme cyclique continue, la succession et le changement des saisons. La succession des saisons est soulignée par des éléments de continuité - tels que les collines, les montagnes, les groupes de cabanes, les châteaux et les fleurs qui s'écoulent au fil des mois de novembre à décembre, de décembre à janvier et ainsi de suite, pareils à un anneau ininterrompu et immuable. Face à ce déroulement de paysages et à leur succession ininterrompue, la mémoire évoque des textes littéraires du XIVe siècle, attentifs à la nature et à ses mutations, tels que les sonnets que Folgore da San Gimignano avait consacrés aux mois dès le début du XIVe […]. Les vents et les pluies sont absents du cycle de Trento, mais, pour la première fois dans l'histoire de la peinture occidentale, nous trouvons un paysage enneigé (le mois de janvier qui voit les chasseurs s'enfoncer dans la neige jusqu'à mi-jambes, tandis qu'un groupe de seigneurs se livre à une bataille de neige); et nous voyons également les premiers nuages qui commencent à offusquer le ciel pur (toujours en janvier); la végétation change et les feuilles des arbres se posent à terre (novembre et décembre).
Nous observons d'autre part, un heureux mélange des activités propres aux différents groupes, les travaux agricoles se mêlant aux distractions des nobles, sans que l'on puisse dénoter une quelconque intention caricaturale au regard des paysans et de leur représentation. Tous ces éléments et d'autres encore, comme la présence dominante du château du commanditaire (le château de Stenico) au mois de janvier, annoncent le célèbre calendrier des Très Riches Heures du Duc de Berry peintes par les frères de Limbourg, une dizaine d'années après le cycle de Trento. »
L’auteur poursuit et donne une interprétation sur la représentation des paysages et des scènes du Cycle des mois :
« Parfois ces cycles où domine le cadre naturel s'inspirent de textes littéraires, de romans chevaleresques. Des épisodes de la vie de Tristan et de Garel sont représentés dans une salle du château de Runkelstein tandis qu’un cycle pictural retrouvé récemment à Vienne est inspiré des lyriques de Neidhart, poète courtois du XIIIe siècle, et les citations littéraires ne manquent pas dans le cycle de Trento. […] Thèmes et sujets empruntés à la vie chevaleresque, aux travaux des différents mois, au monde des paysans et aux bergers se retrouvent fréquemment dans les tapisseries énumérées dans les inventaires de Charles V ou de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. L'évêque Georges de Liechtenstein possédait dans son château, une collection de tapisseries françaises qui lui furent dérobées par Frédéric d'Autriche et qui représentaient sans doute, tout comme les miniatures lombardes, une source inspiratrice pour le peintre des Mois. Enfin, dernière composante de la culture figurative du maître des Mois, à laquelle il eut largement recours dans l'élaboration des différentes scènes, fut l'usage des carnets de croquis et de modèles.
Un autre aspect caractérise le cycle trentin: le mélange, dans la vie et dans leurs activités, des deux groupes sociaux, paysans et nobles, Sans la moindre trace d'attitudes polémiques de la part des maîtres envers le monde paysan, lequel est caractérisé dans ses habits et dans ses expressions, mais, semble-t-il, sans intentions satiriques. Les deux mondes cohabitent harmonieusement, dans un cosmos ordonné où saisons et mois se succèdent sans heurts, ni lacérations. Une telle apologie de la société courtoise s'oppose, comme une projection imaginaire et convoitée, à la réalité toute crue du gouvernement de l'évêque Georges, marqué, au début du XVe siècle par des révoltes paysannes dans les vallées, révoltes qui atteignirent leur paroxysme avec le pillage et la destruction des châteaux d'où partait tout contrôle, et avec l'insurrection citadine de Trento qui entérina l'écroulement définitif des illusions néo-féodales et des rêves d'indépendance nourris par le prélat. »
La fresque du mois de janvier (3.05 x 2.27 mètres) où l’on peut observer une bataille de boules de neige est décrite ainsi par l’auteur :
« La scène se déroule toute entière dans un paysage de neige: il s'agit ici de la plus vaste représentation de ce type dans l'histoire de la peinture occidentale. Au premier plan, deux groupes de nobles se livrent à une bataille de neige. La scène est dominée par un château, certainement celui de Stenico, agrandi et rénové à l'époque de l'évêque Georges de Liechtenstein dont les couleurs flottent sur les tourelles de l'enceinte. Les divers styles de la construction sont reproduits avec grand soin. Les fenêtres croisées, closes par des vitres, les meurtrières en contrebas, toute la maçonnerie du nouveau château, diffèrent des géminées ébrasées aux volets de bois et de la structure muraire de l'ancien château. Au second plan, se trouvent deux chasseurs, tenant chacun un chien en laisse et marchant dans la neige. Le paysage immaculé est interrompu çà et là par les sapins abritant des renards et par les taches sombres des buissons. L'un d'eux, vers lequel se dirigent les chiens, dissimule un blaireau. »
Cependant, une autre représentation d’une bataille de boules de neige plus ancienne est évoquée dans un article du quotidien italien Corriere di Siena et qui explique qu’il existe une fresque antérieure à celle du Château de Buonconsiglio. En effet, dans la "Salle des neuf" du Palais de Sienne, se trouve sur le mur ouest de la fresque murale La cité-état sous la Tyrannie, une suite de médaillons de l’artiste Ambrogio Lorenzetti peinte entre 1337 et 1338. Dans un de ces médaillons, une fresque intitulée « Hiver » représente pour la première fois une boule de neige.
Dans l’ouvrage Ambrogio Lorenzetti : le Palais communal, Sienne, l’auteur Randolph Starn décrit cette peinture en ces termes : « Hiver : avec ce personnage portant une couronne sombre (s'agit-il d'un autre tyran ?) sous son bizarre couvre-chef et tenant à la main une boule de neige dans la tempête, Lorenzetti s'aventure dans l'humour noir; cet exemple n'est pas unique sur le mur ouest. »
Randolph Starn poursuit en apportant un éclairage sur la signification de cette frise de médaillons :
« Catégories encyclopédiques, médaillons et figures allégoriques étaient déjà répandus du temps de Lorenzetti. Mais alors que ce genre se propageait à travers l'illustration de manuscrits, la sculpture en relief lui conféra une présence civique monumentale en Italie. Les reliefs exécutés par une dynastie de sculpteurs originaires de Pise-Nicola, Giovanni et Andrea Pisano - eurent notamment une grande influence sur Lorenzetti. Depuis 1250 et pendant un siècle, ces derniers travaillèrent à des commandes publiques dans toute l'Italie du centre, y compris Sienne. Fidèle à ses habitudes, Lorenzetti s'inspira de leur exemple, mais adapta ou inventa quand il le jugeait bon.
Les tableaux illustrant la frise supérieure du mur ouest font alterner les figures allégoriques des planètes avec celles des saisons correspondant aux scènes représentées au-dessous, à l'exception toutefois du quatrième médaillon qui arbore les fleurs de lys emblématiques de la France. Toutes les figures sont peintes en buste, mais dans des poses qui varient et qui, pour la plupart, accentuent la direction gauche-droite de la lumière et le sens de lecture des inscriptions. Inspirées de figures antiques et médiévales, elles témoignent d'une relative liberté d'invention et diffèrent quant au degré de signification. On remarque notamment que les scènes en médaillon des frises supérieures des murs est et ouest s'opposent en une espèce de contrepoint : ainsi le triste Saturne fait-il face à Vénus, et l'Hiver au Printemps. »
Les représentations de batailles de boules de neige ont par ailleurs déjà été représentées mais uniquement sur parchemin, comme en témoigne une enluminure du Tacuinum sanitatis, manuscrit italien datant de la fin du XIVe siècle conservé par la Bibliothèque nationale de France.
Bien que plus tardif, nous ne pouvons évoquer des paysages hivernaux sans parler de l’artiste Pieter Bruegel l’Ancien qui en 1565 débute un Cycle des saisons où la neige y tient une place d’honneur. Vous en aurez un aperçu en ligne sur la page L'hiver selon Bruegel du site Google arts & culture.
Si vous désirez aller plus loin dans l’étude du « Cycle des Mois » de la Tour d’Aquila voici un ouvrage très complet (en italien):
I mesi di Trento : gli affreschi di torre Aquila et il gotico internazionale d'Enrico Castelnuovo et Leonetto Tintori.
Le site internet du Château de Buonconsiglio (en anglais) propose une synthèse brève et concise du Cycle des mois.
Pour comprendre dans quel contexte historique la peinture de paysages s’est développée en Europe au Moyen Age et au début de la Renaissance, nous vous invitons à prendre connaissance de ces références :
l’article « Paysage, peinture », et plus spécifiquement le chapitre sur l'Europe, écrit par Eugenio Battisti et publié dans l’Encyclopædia Universalis. Cet article est consultable en entier depuis les postes des bibliothèques genevoises.
L’invention de la nature : les quatre éléments à la Renaissance ou le peintre premier savant écrit par Nadeije Laneyrie-Dagen
Paysages, paysans : l'art et la terre en Europe du Moyen Âge au XXe siècle sous la direction d'Emmanuel Le Roy Ladurie
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque d'art et d'archéologie
Pour www.interroge.ch