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La réponse a été mise à jour le 29 janvier 2025.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
L'article d’Alain Houziaux Marie-Madeleine était-elle la compagne de Jésus-Christ ?, paru dans la revue Etudes théologiques et religieuses en 2006, fournit des explications complètes qui pourraient vous être utiles pour comprendre ce sujet controversé. Voici ce qu'on apprend dans l'introduction de cet article :
« Selon le Da Vinci Code de Dan Brown, Jésus aurait eu une compagne, Marie-Madeleine, et une enfant d’elle, Sarah. Pour appuyer sa thèse romanesque, le Da Vinci Code se base sur deux phrases d’un Évangile apocryphe du milieu du IIe siècle après J.-C., c’est-à-dire nettement postérieur aux Évangiles canoniques qui, eux, ont été écrits entre 60 et 90 après J.-C. Il s’agit de l’Évangile de Philippe.
Découvert à Nag Hammadi, cet Évangile est issu du courant gnostique du christianisme primitif.
On ne sait pas trop quand est apparu le gnosticisme. C’est un courant de pensée profondément influencé par la pensée philosophique et religieuse du monde grec. Ses premières manifestations sont antérieures à la naissance du christianisme. Son fondateur, Simon le Mage, n’était pas chrétien. Ce n’est qu’ultérieurement, au deuxième siècle de notre ère, que le gnosticisme est devenu l’un des courants hérétiques du christianisme. Il a donné naissance à de nombreux textes dont l’Évangile de Philippe qui date au plus tôt des années 150 après J.-C., et l’Évangile de Thomas qui suscite aujourd’hui beaucoup de curiosité et de fascination.
De fait, l’Évangile de Philippe fait référence à Myriam de Magdala (Marie-Madeleine) et la présente comme la compagne de Jésus. Il dit d’abord (sentence 32) : « Trois marchaient toujours avec le Seigneur : Marie, sa mère, et la sœur de celle-ci, et Myriam de Magdala que l’on nomme sa compagne, car Myriam est sa mère, sa sœur et sa compagne ». Et quelques pages plus loin (sentence 55), il précise : "Le Seigneur aimait Myriam (c’est-à-dire Marie-Madeleine) plus que tous les disciples et il l’embrassait souvent sur la bouche. Les autres disciples le virent aimant Myriam et lui dirent « Pourquoi l’aimes-tu plus que nous ? ». Le Sauveur répondit « Comment se fait-il que je ne vous aime pas autant qu’elle ? »." »
Cet article présente ensuite le personnage de Marie-Mardeleine, son histoire et sa place auprès de Jésus. Mais plus loin, l'auteur ajoute que « […], dans l’Évangile de Philippe comme dans les autres textes de la même époque, il n’y a aucune prétention historique et biographique et aucune référence à la vie du Jésus historique. »
De manière plus scientifique et théologique, Alain Houziaux conclut son article ainsi :
« Bien que le Nouveau Testament (qui recueille incontestablement les textes les plus anciens dont nous disposions à propos du Jésus historique) ne nous dise rien à ce sujet, plusieurs arguments ont été avancés pour soutenir l’hypothèse d’un Jésus marié. Jésus était soumis à ses parents pendant sa jeunesse. Dans ces conditions, il est plus que probable que ceux-ci ont cherché pour lui une épouse car, à l’époque, le mariage était un commandement de Dieu et une obligation morale et sociale. Lorsque Paul prône le célibat, il dit expressément : "Je n’ai point d’ordre du Seigneur". Il parle donc en son nom personnel (1 Co 7, 25). Si Jésus avait été célibataire, Paul n’aurait pas manqué de se réclamer de son exemple. Jésus se considérait et était considéré comme un "rabbi". Or, tous les rabbis de l’époque de Jésus étaient mariés. Et, selon le Talmud, le seul qui ne l’ait pas été, Ben Azaï, qui vivait au IIe siècle de notre ère, a été vivement critiqué. Or, aucun reproche n’est rapporté concernant le célibat de Jésus. […] Ce n’est pas parce que les Évangiles ne nous disent rien de son mariage qu’on peut affirmer qu’il n’était pas marié. […] On peut supposer que, bien qu’il ait été marié, Jésus était déjà veuf au début de son ministère, alors qu’il avait une trentaine d’années. Mais il n’avait sûrement pas eu d’enfants, sinon ce fait serait intervenu dans les querelles de succession qui ont suivi sa mort et aurait été mentionné à ce titre. […] »
Dans le Dictionnaire amoureux de Jésus de Jean-Christian Petitfils, nous lisons sous l’entrée « Marie la Magdaléenne » que l'auteur connaît « peu de personnage bibliques qui ont donné lieu à tant d’erreurs et de confusions […]. D’elle en vérité les évangiles canoniques nous révèlent peu de choses : cette Marie originaire de la ville de Magdala […] aurait été possédée de sept démons. Jésus l’exorcisa et la libéra définitivement des créatures maléfiques qui l’avaient infestée. Sa vie bascula alors. Emplie de reconnaissance pour son guérisseur, fascinée par sa personne et son enseignement, elle le suivit jusqu’au calvaire, avec ce petit groupe de femmes […]. Elle fut la première avec les autres saintes femmes à constater que le tombeau avait été ouvert. »
Dans ce même ouvrage, vous pourrez lire aussi en page 430 que « l’évangile apocryphe de Philippe a donné lieu de nos jours à des interprétations malveillantes : la Magdaléenne devient "la compagne" de Jésus qu’elle baise sur la bouche. Malveillantes et malvenues car il faut lire ce texte dans un sens gnostique et ésotérique d’une initiation spirituelle et non charnelle. »
Nous vous conseillons aussi d’écouter (ou de lire) la courte chronique, parue le lundi 25 septembre 2023 sur France Culture et intitulée « Comment savoir si Jésus était marié ? », qui résume en quelques mots ce qui précède.
L'ouvrage L'Évangile de Philippe par Jean-Yves Leloup pourrait également vous intéresser pour en savoir plus sur ce texte gnostique.
Enfin, vous pouvez également consulter l'ouvrage Jésus et les femmes d’Enzo Bianchi
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
Les Bibliothèques municipales de la Ville de Genève
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