Etude Urbaconfort
Une étude financée par le programme d’innovation sociétale G’innove et menée par la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève apporte des données essentielles pour faire face aux épisodes caniculaires de plus en plus nombreux.
Cette étude s’inscrit dans les objectifs de la Stratégie climat de la Ville de Genève afin d’adapter l’espace public au réchauffement climatique et protéger les personnes les plus vulnérables, notamment les seniors. Supervisée par le Professeur Camponovo de la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (HEPIA), «Urbaconfort» est une analyse micro-climatique réalisée en milieu urbain avec comme objectif l’amélioration du bien-être des seniors.
Elle se situe au carrefour de deux enjeux majeurs:
- l’urgence climatique
- la société de longue vie.
Innover pour améliorer la qualité de vie
En lançant en 2016 le programme G’innove, la Ville de Genève a souhaité stimuler l’innovation sociétale sur son territoire et construire une ville à la fois écologique et solidaire. Le projet «Urbaconfort» y participe.
Depuis quelques années, la longueur, la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur conduit les pouvoirs publics à chercher des moyens afin de s’adapter au réchauffement climatique. Mais pour mettre en œuvre des mesures pertinentes permettant d’augmenter le confort thermique des habitantes et habitants comme des usagers et usagères des espaces publics, des connaissances précises concernant les dynamiques climatiques genevoises sont nécessaires.
Une étude originale et participative
Les analyses ont eu lieu dans trois quartiers durant les étés 2019 et 2020:
- les Eaux-Vives;
- les Pâquis;
- les Charmilles.
Elles se basent sur des données quantitatives récoltées avec un instrument appelé «microclimamètre» et développé par une équipe du Laboratoire Energie, Environnement et Architecture de la HEPIA, qui permet de mesurer le ressenti de température à l’échelle humaine, en combinant température au sol, température réfléchie par les bâtiments, humidité, vent, etc.
En complément, des données qualitatives ont été récoltées lors de deux balades avec des groupes de seniors. On a ainsi constaté que le rayonnement solaire influence principalement le ressenti thermique, de manière directe et indirecte.
On a également observé des différences entre les quartiers. Par exemple, la température ressentie lors des passages en après-midi est plus élevée aux Charmilles, suivie des Eaux-Vives, puis des Pâquis. Ces différences s’expliquent par la morphologie générale des quartiers. Le quartier des Charmilles est un quartier plus récent que les deux autres, et possède une morphologie bien différente: rues plus larges, bâtiments plus récents, espacés et élevés. Ces facteurs font que le rayonnement solaire peut pénétrer facilement au fond de la rue et influencer de manière conséquente la température ressentie.
Des seniors affecté-e-s et impliqué-e-s
Problématique publique majeure, le réchauffement climatique présente des défis importants au niveau de la qualité de vie en ville.
Il affecte tout particulièrement les seniors, qui sont incité-e-s à rester chez eux en cas de températures trop élevées, ce qui peut nuire à leur santé physique et mentale.
La protection prioritaire des groupes sociaux les plus vulnérables aux îlots de chaleur constitue d’ailleurs l’un des 30 objectifs intégrés dans la Stratégie climat de la Ville de Genève. L’étude, à laquelle ont participé des résident-e-s de l’EMS de la Terrassière (Eaux-Vives) et des personnes fréquentant Cité Seniors, constate que cette population développe des stratégies pour se déplacer en cas de vague de chaleur et rencontre différents obstacles (relatifs ou non à la canicule) impactant leur capacité à se déplacer sereinement et en toute sûreté pour leur santé dans l’espace public. Les itinéraires à l’ombre sont ainsi fortement privilégiés par rapport à des tronçons non protégés du soleil. Ce dernier est considéré comme un réel obstacle aux possibilités de sortir.
Des aménagements à adapter et à créer
Les bénéfices des déplacements à pied étant manifestes, il s’agit donc de faire évoluer les aménagements dans une perspective d’adaptation aux changements climatiques, pour baisser les températures ressenties dans les rues, particulièrement en milieu de journée.
C’est dans la continuité du projet «Urbaconfort» et des ateliers réalisés avec des étudiant-e-s, Cité Seniors et le service de l’aménagement, du génie civil et de la mobilité que l’idée d’installer des micro-oasis dans l’espace urbain a été lancée, avec la Direction générale de la santé de l’Etat de Genève. De cette collaboration multiple a émergé le projet de Parc en Parc, qui a permis la création de cinq «micro-oasis», pensés comme des haltes prodiguant un espace frais et ombragé où l’on peut s’asseoir.
Si ces aménagements ponctuels et pensés en réponse à un territoire urbain encore peu résilient face aux changements climatiques apportent des éléments de solutions rapides, il y a lieu de parler désormais en termes de requalification climatique de la ville, à travers un urbanisme climatique qu’il faut développer à partir de connaissances objectives et d’éléments de diagnostics robustes, adaptés à l’échelle d’intervention, soit celle des piéton-ne-s.
La Stratégie Climat de la Ville de Genève vise d’ailleurs explicitement l’accroissement de cette résilience urbaine face aux risques liés au dérèglement climatique et propose plusieurs mesures pour y parvenir.
Article modifié le 28.04.2022 à 14:55