Remontant au XVIIIe siècle, la longue tradition botanique genevoise est encore bien vivante aujourd’hui, comme en atteste l’existence et les activités des Conservatoire et Jardin botaniques de Genève ou l’observation annuelle du Marronnier de la Treille.
Dès le XVIIIe siècle s’affirme à Genève un esprit naturaliste, sous l’influence de Jean-Jacques Rousseau et des travaux de grands botanistes comme:
- Augustin Pyrame de Candolle
- Horace-Bénédict de Saussure
- Pierre Edmond Boissier.
Cette vogue a contribué à faire de Genève la "Cité des parcs" et de réunir, aux Conservatoire et Jardin botaniques de Genève, la cinquième collection mondiale d’herbiers et l’une des trois plus importantes bibliothèques en botanique systématique au monde.
Un attachement contemporain et populaire
Plusieurs éléments témoignent aujourd’hui de l’importance que les Genevois-es attachent à cette longue tradition populaire.
Une curiosité botanico-météorologique: le Marronnier de la Treille
L’observation de l’éclosion de la première feuille du Marronnier de la Treille est l’une des expressions les plus évocatrices de cette tradition. Populaire et largement reprise par les médias régionaux, cette dernière, datant de 1808, n’a jamais cessé et continue de permettre d’annoncer le printemps.
Tradition genevoise
Le Marronnier de la Treille annonce le printemps
Genève, "Cité des parcs"
Genève mérite encore aujourd’hui son surnom de "Cité des parcs", comme en témoignent ses nombreux espaces verts, abritant des collections inestimables d’essences indigènes ou exotiques.
Un regain pour les variétés locales
Certaines variétés de fruits et de légumes locales connaissent un regain d’intérêt, à l’image du cardon de Plainpalais, introduit à Genève au XVIe siècle.
Une tradition populaire, fruit de trois siècles d’intérêt
XVIIIe siècle: observation de la nature, herbiers et nouvelles essences
Vers 1700, l’élite genevoise s’ouvre à l’observation de la nature. Elle s’inspire aussi de l’art de vivre de la cour de Louis XIV, qui accorde une place importante à la promenade et à la sociabilité en plein air, à l’ombre d’arbres plantés en allées.
Dès le milieu du XVIIIe, la botanique genevoise prend aussi son essor grâce à de nombreux amateurs passionnés, leurs jardins "privés" abritant parfois de nouvelles essences (comme ceux de Horace Bénédict de Saussure, Henri-Albert Gosse ou Isaac-Louis Gaudy) ou leurs herbiers personnels de plantes séchées ou d’aquarelles botaniques.(comme ceux de Jean-Antoine Colladon ou de Louis Jurine).
XIXe siècle: naissance du Jardin botanique de Genève
Le mouvement général d’intérêt pour les espèces végétales prend un aspect scientifique dès 1817: les autorités publiques prennent alors la décision de créer, sous l’impulsion d’Augustin-Pyramus de Candolle, un jardin botanique pérenne dans les Bastions.
A cette période naissent aussi de nombreuses associations, comme:
- la Société d’horticulture de Genève (1855);
- la Société botanique de Genève (1875).
Aujourd’hui, les Conservatoire et Jardin botaniques de Genève (CJBG) témoignent du volet scientifique de la tradition botanique genevoise. Tous les herbiers constitués au cours de l’histoire genevoise sont réunis au sein de l’herbier des CJBG qui, avec plus de 6 millions de spécimens, se place au 5ème rang mondial. Ils détiennent aussi des collections très anciennes de plantes alpines de rocaille, des collections d’espèces rarissimes de plantes grasses ou des représentants de la famille des "Gesneriaceae", reconnues d’importance mondiale pour la biodiversité.
XXe siècle: inventaires des arbres
A partir de la 1ère guerre mondiale, on observe une simplification des grands jardins privés et la disparition d’espaces naturalisés au profit de lotissements. De grands inventaires sont lancés dans la seconde partie du siècle, comme celui de tous les arbres hors forêts, pointant les arbres de grande valeur botanique, en 1970. Ces données sont actualisées dans l’inventaire cantonal des arbres.
La population marque dès cette époque un très fort attachement aux spécimens centenaires, isolés ou en alignement.
Une tradition vivante genevoise
La botanique genevoise et le Marronnier de la Treille font partie de la liste des traditions vivantes en Suisse, établie par l'Office fédéral de la culture et coordonnée à l'échelle mondiale par l'UNESCO. Ils constituent donc une part du patrimoine culturel immatériel suisse et genevois.
Article modifié le 12.01.2024 à 12:08